Le GPS impacte-t-il notre sens de l'orientation ?

L'utilisation de systèmes de navigation électronique est devenue habituelle pour tous. En effet, il est beaucoup plus confortable de se laisser guider par son GPS que de s'appuyer sur des cartes imprimées, voire sur la direction du soleil. Mais cette facilité a peut-être un prix: celui de ne pas développer certaines zones de notre cerveau liées à la capacité de se repérer dans l'espace, c'est-à-dire d'élaborer des représentations mentales (ou des cartes cognitives) de l'environnement.


Pourquoi le GPS nous empêcherait de construire des cartes cognitives?

Le GPS propose un point de vu égocentré de l'environnement, c'est-à-dire que l'image affichée à l'écran est centré sur soi et nous indique où nous sommes, quelle distance il reste à parcourir et quand changer de direction. Cette représentation de l'espace dans lequel on se déplace est donc totalement opposé aux plans imprimés qui présentent un point de vu allocentré, c'est-à-dire indépendant du lieu ou l'on se trouve.

De fait, lorsqu'on utilise une carte routière, on doit orienter celle-ci vers le nord et comparer sa position actuelle et la direction de notre regard pour pouvoir se repérer. L'avantage de ce type de plan, c'est qu'il offre une perception d'ensemble qui permet de mieux se repérer dans l'environnement. L'inconvénient, c'est qu'il demande plus d'efforts cognitifs que le GPS. En effet, les cartes imprimées sollicitent grandement notre mémoire de travail visuo-spatiale, c'est-à-dire notre capacité de garder à l'esprit des informations telles que des lieux spécifiques, des axes routiers, des carrefours, etc...

D'ailleurs, cette capacité visuelle et spatiale se développe avec de l'entraînement. Par exemple, des études ont montré que certaines régions cérébrales (la partie postérieure de l'hippocampe) des chauffeurs de taxi londoniens sont beaucoup plus développées que la moyenne. Pour compléter, d'autres études ont montré que le cortex entorhinal était également impliqué dans l'orientation spatiale. De fait, si ces zones du cerveau ne sont plus stimulées, elles risquent de s'atrophier et donc de réduire nos capacités de construire des représentations mentales de notre environnement pour pouvoir s'orienter.


Alors faut-il bannir le GPS?

Quoi qu'il en soit, le GPS est un outil tellement utile qu'il est devenu quasi-incontournable. Il ne faut donc pas le proscrire. En fait, l'idéal serait de l'adapter afin qu'il nous incite à élaborer une représentation d'ensemble de l'environnement dans lequel on évolue. Pour ce faire, il est important de savoir comment nos cartes cognitives sont constituées.
En fait, il semble qu'elles combinent à la fois les points de vue égocentique et allocentrique. Plus précisément, il semble que nos cartes mentales incluent des lieux ou des éléments du décor visibles d'un point de vu égocentrique (une statue, un bâtiment particulier, etc...), dans une vision d'ensemble (c'est-à-dire une vision allocentrique). Cela permet d'avoir une compréhension globale de l'environnement.

Ainsi, des recherches sont actuellement menées pour tenter d'améliorer l'affichage des GPS, afin de stimuler nos précieuses facultés d'orientation spatiale, tout en continuant à bénéficier du confort des systèmes de navigation.


Inspiré des travaux de Stefan Münzer, de John O'Keefe, d'Eleanor Maguire et de Lorelei Howard.

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