Un sens de l'orientation défaillant...

Notre sens de l'orientation implique une multitude de traitements cognitifs (la mémoire, l'imagerie mentale, la flexibilité cognitive, etc.).Même si nous sommes nombreux à nous plaindre de notre mauvais sens de l'orientation, nous parvenons tout de même tant bien que mal à nous repérer dans l'espace et à retrouver notre trajet en cas d'égarement.
Mais pour certaines personnes, cette difficulté est telle qu'il leur est impossible de s'orienter dans un nouvel environnement et parfois même dans un environnement familier. Ainsi, elles se perdent à la moindre erreur d'itinéraire, même sur des trajets qu'elles effectuent quotidiennement.

Aussi, pour identifier les causes d'une telle désorientation spatiale, il est important de comprendre les mécanismes en jeu dans la navigation spatiale.


Quels sont les processus en jeu dans la navigation spatiale ?

Pour s'orienter dans l'espace, nous mettons en œuvre deux stratégies de navigation. L'une, dite égocentrée, consiste à suivre un itinéraire qui se décline en une série de chemins et de croisements, un peu à la façon d'un GPS ("Tournez à droite sur la rue Emile Zola, continuez tout droit sur deux kilomètres, puis prenez la deuxième sortie au rond-point..."). L'autre, dite allocentrée, s'apparente à une vision à vol d'oiseau, comme lorsque nous utilisons un plan. D'ailleurs, lorsque nous lisons une carte pour nous déplacer, c'est à nous d'identifier l'ensemble des trajets possibles et de choisir le meilleur itinéraire.

Plus précisément, pour naviguer, nous combinons, sans vraiment en avoir conscience, ces deux stratégies égocentrée et allocentrées, ainsi que des points de repère utiles comme la position du soleil. Ainsi, nos plans d'orientation cognitifs ne seraient pas des cartes cognitives, mais plutôt des collages cognitifs. D'ailleurs, lorsque nous indiquons un trajet à une autre personne, nous utilisons presque toujours un mélange de descriptions égocentrées ("Prenez à droite au premier croisement"), allocentrées ("C'est sur la rive droite du fleuve") et plus générales ("C'est à l'ouest, c'est-à-dire, vu l'heure, face au soleil").


Quelles sont les causes d'une désorientation spatiale ?

Différentes causes peuvent expliquer une difficulté à s'orienter pendant une navigation spatiale. En voici les principales :

  • Un déficit de mémoire : Oublier des instructions ("Traverser le pont", etc.), voire les raisons du trajet, peut provoquer une désorientation spatiale.

  • Une altération des hippocampes cérébrales : Ces structures cérébrales jouent un rôle important dans la mémoire spatiale. Plus précisément, l'hippocampe gauche traite plutôt les informations égocentrées, tandis que l'hippocampe droit traite surtout les informations allocentrées.

  • Le sexe de la personne : Les femmes ont souvent plus de difficultés à se déplacer avec des cartes et à les manipuler mentalement car leur capacité à faire pivoter des images mentales est généralement inférieure à celle des hommes.

  • Un déficit de flexibilité cognitive : Un individu peut réussir à traiter des données de navigation aussi bien en mode égocentré qu'allocentré, mais ne pas réussir à passer d'un mode à l'autre. C'est souvent le cas des patients schizophrènes.

  • Un déficit d'imagerie mentale : Ce déficit se traduit par une difficulté à passer de l'exploration à l'exploitation lors de l'apprentissage d'un nouveau trajet. En effet, lorsqu'on explore un environnement, on mémorise un itinéraire ou une carte de l'endroit. Ainsi, si on veut refaire le trajet, on doit exploiter les informations stockées en mémoire et les visualiser mentalement. De fait, une difficulté à générer des images mentales peut provoquer une désorientation spatiale.

Ainsi, une multitude de processus mentaux sous-tendent notre capacité à s'orienter, naviguer, mémoriser un trajet et le retrouver. Et si l'un d'entre eux est défaillant, alors c'est tout notre sens de l'orientation qui en pâtit.


Inspiré des travaux de Charles Zanor, de Giuseppe Iaria, d'Alain Berthoz, de Neil Burgess et d'Eduardo Bisiach.

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