Comment faire avouer n'importe quoi à n'importe qui ?

Les faux aveux sont finalement assez fréquent dans les affaires judiciaires. En effet, introduire des faux souvenirs chez un innocent s'avère assez facile.Les affaires criminelles comptent de nombreux cas de faux aveux, au point que des scientifiques ont voulu étudier ce phénomène. Et ils ont ont découvert à quel point il est facile d'introduire de faux souvenirs chez à peu près n'importe quelle personne, et ce, même s'il s'agit d'un acte criminel.
En effet, des chercheurs sont parvenus à faire avouer un vol ou une agression à 70% d'innocents! D'ailleurs, ces personnes qui avouent ces crimes qu'elles n'ont pourtant jamais commis deviennent rapidement persuadées de les avoir perpétrés! C'est ce que l'on appelle les faux souvenirs intériorisés.


Comment peut-on implanter de tels faux souvenirs?

Il existe des techniques connues pour introduire de faux souvenirs intériorisés. Ces méthodes se basent notamment sur l'imagination. Plus précisément, il s'agit de demander à la personne de fermer les yeux et de visualiser comment l'événement aurait pu avoir lieu. Ainsi, la personne interrogée passe progressivement de la question: « Comment un tel crime peut-il être commis? » à « Comment ai-je pu le commettre? » pour enfin aboutir à « Comment je l'ai commis? » De fait, elle devient incapable de différencier ses vrais souvenirs des faux souvenirs.
Ainsi, quatre étapes principales suffisent à faire avouer un innocent:

  • Semer le doute chez la personne interrogée: il s'agit de lui donner une version des faits qui comporte une part de vérité, ce qui réactive des souvenirs authentiques et donne de la crédibilité à l'interrogateur.
  • Implanter de faux éléments en mémoire: il s'agit de mêler de fausses informations aux vraies et d'affirmer avec assurance les faits, même si la personne interrogée n'en a aucun souvenir.
  • Laisser l'individu interrogé en proie à ses propres doutes: il s'agit de l'inviter à imaginer comment les choses auraient pu se dérouler s'il avait effectivement commis le crime. Ses hypothèses vont alors se mêler aux souvenirs réels, pour finalement devenir indissociables de ces derniers.
  • Recueillir les aveux complets de la personne innocente: celle-ci va alors livrer une multitude de détails imaginés afin de construire une vision cohérente du scénario.

Y-a-t-il une prédisposition aux faux aveux?

Certains contextes, certains états psychologiques, voire certaines personnalités peuvent effectivement favoriser de faux aveux:

  • La pression: les contextes de tortures ou de menaces à l'encontre de personnes proches peuvent conduire à avouer n'importe quoi pour mettre fin à cette situation.
  • L'intoxication: les individus sous l'empire de l'alcool ou de la drogue, ou encore des personnes privées de sommeil peuvent avoir des difficultés à distinguer l'imaginaire de la réalité, et ainsi produire de nombreux faux souvenirs.
  • Certains traits de personnalité: la suggestibilité, la docilité et le pouvoir d'imagination sont susceptibles de favoriser les faux aveux.


Inspiré des travaux de Julia Shaw.

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