Quand rester jeune devient une obligation sociale...

La diffusion des idéaux corporels et des discours politico-scientifiques qui les sous-tendent a occupé de plus en plus de place au cours des 50 dernières années. Ainsi, cette domination de la jeunesse comparée aux plus âgés peut être considérée comme une forme d'agression symbolique par les seniors.
Toutefois, ces derniers temps, un comportement de résistance, d'indignation, face à ces injonctions sociales du "bien vieillir" semble émerger...


Mais d'abord, comment ont évolué ces offensives médiatiques contre le vieillissement?

Ce mouvement "anti-vieillissement" est naît dans les années 1960, lorsque la télévision et les magazines ont commencé à dissimuler les stigmates de l'âge. Les médias ont alors initié une valorisation de l'effort (le fitness, le vélo, etc...), en soulignant surtout les effets conservateurs de ces exercices physiques. En d'autres termes, il s'agissait, pour les retraités, de passer de la détérioration à la conservation.
Puis, au cours des années 1980, ces pratiques sont devenues de plus en plus ciblées, avec les cures thermales, la maîtrise de la respiration, les crèmes antirides, les compléments alimentaires, etc...
Le plan national Mais c'est véritablement dans les années 1990 que le mouvement s'est accéléré, notamment avec la diffusion d'images de seniors très actifs, pratiquant des sports à sensations fortes. En outre, la science et la beauté ce sont nettement associées, et des biologistes, des plasticiens, des groupes cosmétiques, etc... se sont proposés de "fabriquer du beau". Ainsi relayés par les médias, des normes "anti-vieillissement" se sont rapidement façonnées.
Enfin, à partir des années 2000, c'est la politique qui a fait son entrée dans cette lutte contre le vieillissement en proposant, par exemple, le plan national Bien Vieillir afin de lutter contre les effets prématurés de l'âge.


Et comment réagissent les seniors face au dictât de cette politique anti-âge?

Cette obligation du "bien vieillir" a tendance à produire de la culpabilité chez les retraités. En outre, elle génère deux difficultés principales: d'une part, accepter son corps âgé, et d'autre part, réussir à se faire accepté avec un corps âgé. De fait, les seniors ont parfois tendance à dissimuler leur âge pour continuer à exister et à être reconnus par la société.
Mais ces derniers temps, une nouvelle tendance tend à émerger. En effet, un comportement de résistance, d'indignation et de revendication identitaire voit le jour, face à l'obligation sociale du "bien vieillir". Par exemple, la réaction très positive et encourageante du monde entier suite à la publication de photos non retouchées, voire retravaillées pour accentuer l'effet du vieillissement de l'ancien mannequin Cindy Crawford, illustre particulièrement bien ce nouveau comportement de résistance.


Inspiré des travaux de Raymonde Feillet.

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