Une vision trop standardisée du deuil

Le deuil est un état de trouble émotionnel, cognitif et social par lequel nous passons après la mort d'un être cher.Depuis la nuit des temps, les humains organisent des rites funéraires à la mort d'un proche, signe que le deuil est profondément ancré dans l'histoire de l'humanité.

Mais cette ancienneté du deuil est également le signe que nous n'avons jamais réussit à nous armer au fil de l'évolution contre cette expérience douloureuse, certainement parce que le deuil est le prix à payer pour l'attachement affectif.
En effet, notre cerveau est câblé pour nouer des contacts sociaux. Ainsi, dès la naissance, nous cherchons des figures d'attachement. Et lorsque celles-ci viennent à disparaître, la détresse, la peine, la douleur... nous envahissent. Et même si notre désarroi et notre confusion s'apaisent progressivement, le deuil n'est jamais complètement résolu.


Mais à quoi correspond le deuil exactement ?

Les psychanalystes du début du XXe siècle ont été les premiers à tenter une analyse du deuil. Selon eux, tout le monde passerait par un travail de deuil plus ou moins standardisé. Plus précisément, ce processus comporterait 5 étapes principales :

  1. le déni
  2. la colère
  3. le marchandage (par exemple, le fait de prier pour demander pardon du mal qu'on a fait au défunt)
  4. la dépression
  5. l'acceptation

De fait, un manquement à ce schéma précis suppose une réaction anormale face à la mort. Ainsi, une réaction excessive ou insuffisante face au décès d'un proche a tendance à être considérée comme malsaine.
Le risque avec cette approche psychanalytique est alors de créer une vision standardisée du deuil, particulièrement déstabilisante pour ceux qui suivent un cheminement différent. En outre, elle risque de s'avérer contre-productive pour les soignants qui considéreraient comme anormale toute réaction différente de celles décrites dans les différents stades qui suivent la mort d'un être cher.
D'ailleurs, les études plus récentes proposent une nouvelle approche du deuil.


Quelle est cette nouvelle conception du deuil ?

Les découvertes scientifiques sur le deuil conduisent à considérer cet état comme un bouleversement profond qui engendre une confusion totale, tant sur le plan émotionnel que cognitif et social :

  • Sur le plan émotionnel : Un tourbillon d'émotions, parfois paradoxales, nous envahissent. Ainsi, se mêlent la tristesse, la colère, la culpabilité, la honte, la nostalgie et parfois même la joie.

  • Sur le plan cognitif : Ce tourbillon d'émotions provoque une sorte de désorientation et d'incrédulité. Nous avons alors du mal à saisir tout ce que la perte de l'autre implique. De plus, les souvenirs de la personne décédée sont si intrusifs qu'ils nous donnent souvent l'impression de la voir ou d'halluciner. Par ailleurs, nous avons tendance à ruminer de nombreux scénarios, ce qui nous empêche de nous concentrer.

  • Sur le plan social : Nous sommes partagés entre l'évitement et la recherche de choses qui nous rappellent notre proche défunt. En outre, nos occupassions et nos relations sociales nous apparaissent dépourvues de sens, ce qui nous incite à nous isoler.

Ainsi, 50 à 85% des personnes endeuillées passeraient par cet état qui n'a rien de pathologique, et environ 15% souffriraient de dépression, d'anxiété ou de stress post-traumatique.


Inspiré des travaux de Sebastian Dieguez, d'Elisabeth Kübler-Ross, d'Helene Deutsch, de John archer et de Colin Parkes.

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