La torture : une méthode de persuasion efficace ?

Le recours à la torture s'avère inefficace pour obtenir des aveux véridiques.L'utilisation de la torture pour obtenir des aveux est une pratique ancestrale, globalement réprouvée par les citoyens, mais qui reste utilisée dans de nombreux pays.

Pourtant, infliger des mauvais traitements pour obtenir des aveux s'avère plutôt inefficace. En effet, empêcher les détenus de dormir, leur infliger des sévices corporels, les soumettre à des simulacres de noyade... n'incite pas ces derniers à fournir des informations véridiques. Au contraire, les suppliciés ont plutôt tendance à fournir de fausses informations afin de faire cesser la maltraitance.


Pourquoi la torture est-elle inefficace ?

Les techniques d'interrogatoire "renforcées" déclenchent une série de réactions automatiques chez les détenus. Il s'agit de réactions de gestion de la peur qui s'avèrent contreproductives pour la collecte d'informations véridiques. Voici les deux principales réactions qui risquent de produire l'effet inverse de l'effet attendu :

  • La conscience de sa propre mort : Lorsque nous sommes confrontés à la mort, notamment dans le cadre d'une maltraitance, nous avons tendance à nous raccrocher à des symboles (drapeau, religion, langue, patrimoine, etc.) qui matérialiseraient notre appartenance à une culture ou à une communauté. Car en prenant conscience de notre propre mort, nous nous rassurons avec l'idée que nos valeurs et notre culture nous survivront. Ce phénomène motive les suppliciés à résister à leur tortionnaires.

  • L'altération de la mémoire : Lorsque nous sommes soumis à des pressions physiques, émotionnelles et psychologiques extrêmes, notre mémoire tend à s'altérer. Plus généralement, de telles conditions affectent nos capacités cognitives et notre humeur. De fait, les individus soumis à un stress intense risquent d'évoquer de faux souvenirs, voire d'avouer des crimes qu'ils n'ont pas commis.

Alors comment mener un interrogatoire efficace ?

Des techniques de questionnement compatibles avec les droits humains fondamentaux et basées sur les preuves scientifiques s'avèrent souvent plus efficaces que la torture.
Aussi, une méthode consiste créer une alliance préalable à l'interrogatoire avec la personne entendue. Cette relation repose sur différents principes comme le maintien d'un contact visuel, la synchronisation corporelle, l'écoute active, etc. Ainsi, ces marques d'attention, de respect et d'engagement favorisent la prise de parole libre et la coopération du suspect.
Une autre technique visant à améliorer le recueil d'informations auprès des témoins s'avère particulièrement efficace. Il s'agit de l'entretien cognitif. Celui-ci consiste à demander à la personne interrogée de dérouler un récit libre puis, dans un second temps, de reprendre son récit en partant de la fin.

Cependant, il arrive parfois que des individus, souvent radicalisés, se murent dans le silence. Dans ce cas, les méthodes d'interrogatoire se révèlent souvent inefficaces. Néanmoins, certaines stratégies de persuasion peuvent influencer ces détenus. Il s'agit, par exemple, d'expliquer à l'individu interrogé que sa résistance est normale mais futile ; ou encore de l'informer que d'autres personnes présentes dans la pièce et se trouvant dans la même situation que lui ont accepté de parler.


Inspiré des travaux de Hugues Delmas, de Jeff Greenberg, de Jean Maria Arrigo, de Harris Lieberman, de Christian Meissner, d'Aldert Vrij, d'Allison Abbe et de Robert Cialdini.

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