Égalité ou stabilité : un choix cornélien

Les inégalités, même si elles nous dérangent et si nous luttons pour les réduire, structurent nos sociétés car elles impliquent une hiérarchie.Les inégalités nous offusquent le plus souvent et nous luttons régulièrement pour les réduire en militant pour une meilleure répartition des richesses, pour l'abolition des privilèges, pour la régulation des marchés économiques, etc...
Pourtant, il semblerait que malgré notre besoin profond de partage égalitaire, nous avons tendance à ne pas réagir lorsque que nous avons la possibilité concrète de remédier à une injustice.


Évite-t-on réellement de réduire les inégalités?

Des études récentes ont effectivement révélé une tendance au statu quo lorsque des participants adultes avaient le pouvoir de rééquilibrer la répartition des richesses dans une situation où deux personnes se voyaient attribuer une certaine somme d'argent de façon inégale. Plus précisément, le premier individu recevait beaucoup plus d'argent que le second et les participants pouvaient, s'ils le souhaitaient, transférer une partie du montant de la première personne à la seconde, de sorte que cette dernière se retrouve avec une somme légèrement supérieure à l'autre personne.
Ainsi, même si la situation après le transfert d'argent était beaucoup moins inégalitaire que la situation initiale, la plupart des participants refusaient de redistribuer l'argent.

En fait, des recherches approfondies ont montré que ce n'est qu'à partir de l'âge de 7 ans que les participants commencent à garder le statu quo. En effet, avant cet âge, les enfants cherchent surtout à partager de façon équitable les richesses. Mais après 7 ans et encore à l'âge adulte, cette volonté de partage ne semble plus prioritaire.


Le besoin de lutter contre les injustices s'émousserait donc avec l'âge?

Après 7 ans, le besoin d'équité semble, en effet, passer au second plan. En fait, le rééquilibre de la répartition des richesses implique nécessairement une modification de l'ordre établi, notamment une modification de la hiérarchie. Or, les changements dans la hiérarchie des groupes provoquent une certaine instabilité, avec un risque accru de conflits. Aussi, dans une telle éventualité, le maintien de la stabilité semble prévaloir sur le maintien de l'égalité.

D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si ce changement de priorité apparaît vers l'âge de 7 ans. En effet, à cet âge, les rapports sociaux se complexifient : certains enfants se révèlent particulièrement influents, d'autres plus soumis, etc... Ainsi, la structure hiérarchique des groupes se commence à se développer réellement.
Cette organisation hiérarchique a l'avantage de faciliter le traitement de l'information. Par exemple, elle facilite la mémorisation des différents membres du groupe, elle améliore les performances dans des tâches collectives, etc... D'ailleurs, ces rapports hiérarchiques qui se développent tout au long de l'enfance, finissent par organiser notre vie adulte et nos sociétés. C'est pourquoi nous sommes particulièrement attachés aux hiérarchies, malgré notre besoin inné d'égalité.


Inspiré des travaux de Sébastien Bohler, de Wenwen Xie et de Justin Friesen.

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