La question de l'euthanasie en psychiatrie

L'euthanasie équivaut, en médecine, à donner la mort à un patient souffrant d'une maladie incurable et capable de solliciter ce geste en toute connaissance de cause. En France, cette pratique fait l'objet de lois particulièrement restrictives. En effet, seule l'euthanasie passive est autorisée, c'est-à-dire que seules les personnes en phase avancée d'une pathologie grave et incurable peuvent demander à leur médecin d'arrêter leur traitement.

En Europe, l'euthanasie n'est autorisée que dans certains pays tels que la Suisse, la Belgique, le Luxembourg ou les Pays-Bas.En revanche, dans d'autres pays européens comme les Pays-Bas, la Suisse, la Belgique ou le Luxembourg, l'euthanasie est plus largement pratiquée. Par exemple, aux Pays-Bas, la demande d'euthanasie ne concerne pas seulement les maladies somatiques incurables, elle implique également les troubles psychiatriques.

Néanmoins, l'euthanasie en psychiatrie suscite de grande réticences au sein du personnel médical. En effet, à peine un tiers des soignants y sont favorables.


Pourquoi une telle réserve vis-à-vis de l'euthanasie en psychiatrie?

Le problème de l'euthanasie en psychiatrie, c'est qu'elle vise surtout à soulager les souffrances intolérables provoquées par une maladie dont l'issue n'est pas la mort (mis à part les cas de suicide). En outre, les idées suicidaires constituent un symptôme fréquent dans les troubles mentaux (notamment dans la dépression) qui disparaît une fois la maladie soignée. Et même si les patients en font une demande éclairée, on peut se demander si la décision de se suicider peut réellement être prise dans un accès de raison.

Tout cela sème le doute chez de nombreux psychiatres néerlandais, qui finalement ne savent pas s'ils doivent donner raison à leurs patients qui veulent en finir.


Si la volonté de mourir n'est qu'un symptôme, pourquoi euthanasier?

En fait, la vraie difficulté est d'évaluer à sa juste valeur la souffrance psychologique du patient. Car les maladies mentales ont souvent tendance à être associées à un manque de volonté ou une écoute de soi excessive. En effet, étant donné que la souffrance psychique ne peut pas être mesurée objectivement par des données biologiques ou d'imagerie, elle a tendance à être sous-estimée.
Pourtant, chez certains patients, la volonté de mourir va bien au-delà d'une impulsion suicidaire: c'est une pensée chronique. En outre, la douleur psychologique persiste parfois malgré des dizaines d'années de traitement et d'hospitalisations à répétition. Ainsi, leur maladie mentale paraît incurable. Et même si la mort n'est pas proche et inéluctable, les médecins de ces patients se doutent bien que tôt ou tard, ils se suicideront.

Ainsi, le débat sur l'euthanasie en psychiatrie reste ouvert et il le restera certainement tant que les progrès thérapeutiques ne permettront pas de traiter ces cas pathologiques particulièrement douloureux.


Inspiré des travaux de Christophe André, d'Alexandra Groz et de Scott Kim.

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