Comment une expérience a bouleversé le diagnostic en psychiatrie

Poser un diagnostique psychiatrique est parfois difficile dans la mesure où les méthodes utilisées sont peu objectives.Jusque dans les années 1970, diagnostiquer un patient en psychiatrie relevait parfois de l'arbitraire. En effet, jusqu'à cette époque, cette discipline reposait essentiellement sur l'analyse des comportements des patients et leur description des symptômes. Ainsi, les fondements scientifiques de la psychiatrie restaient encore à construire.

D'ailleurs, une expérience réalisée par un psychologue américain (David Rosenhan) en 1973 a joué un rôle important dans la prise de conscience de ces défaillances et la nécessité de rendre les méthodes diagnostiques plus objectives.


Quelle est donc cette fameuse expérience?

L'expérience menée par Rosenhan au début des années 1970 s'est déroulée dans une dizaine d'hôpitaux de différentes régions des Etats-Unis. Elle a consisté à demander à 8 personnes saines d'esprit de se présenter à une consultation psychiatrique pour se plaindre d'hallucinations auditives. Plus précisément, ces pseudo-patients racontaient qu'ils entendaient des voix prononçant des mots comme "vide" ou "chute", mais que par ailleurs ils se portaient très bien.
Résultat : tous ces faux patients aux symptômes similaires ont été hospitalisés avec des diagnostics différents (soit une schizophrénie, soit une psychose maniaco-dépressive), pour une durée allant de 7 à 52 jours !

Aussi, au cours de leur séjour à l'hôpital, alors que ces faux patients prenaient des notes ouvertement sur le comportement du personnel soignant et des autres malades, aucun médecin ne s'est interrogé sur cette démarche pourtant intrigante. En fait, ce sont finalement des patients internés qui se sont étonnés du comportement étrange de ces individus et qui ont même douté de leur trouble psychiatrique !


Ce genre d'erreur de diagnostic est-il encore possible aujourd'hui?

Depuis cette expérience, de nombreux progrès ont été réalisés afin de rendre le diagnostic d'une maladie psychiatrique plus objectif, même si certaines méthodes doivent encore être perfectionnées, comme l'attestent les révisions périodiques du manuel de diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM).
Mais ce qui a permis de rendre le diagnostic vraiment plus objectif est sans conteste l'apport des neurosciences, notamment avec l'imagerie cérébrale. En effet, ce procédé permet d'obtenir des données anatomiques et fonctionnelles très précises et facilite ainsi l'analyse des mécanismes biologiques qui sous-tendent les troubles mentaux.

Malgré tout, quelques problèmes persistent. Il s'agit notamment des préjugés qui accompagnent la maladie mentale. Ainsi, certains médecins ont parfois tendance à interpréter des comportements normaux sous l'angle de la pathologie.


Inspiré des travaux de Daniela Ovadia, David Rosenhan et de Colette Chiland.

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