Le délire du Truman Show ou se croire dans un monde factice

A la fin du XXe siècle, des patients psychotiques présentant des symptômes bien particuliers ont commencé à faire leur apparition. Ceux-ci étaient persuadés d'évoluer dans un décor de cinéma, allant même jusqu'à penser que leur entourage n'étaient en réalité que des acteurs. Des cliniciens ont alors nommé ce nouveau trouble le syndrome d'Hollywood, en 1988, avant de proposer le terme de délire du Truman Show en 2012.

Le syndrome du Truman Show fait référence au film qui porte son nom car les patients qui en souffrent se croient au centre d'une émission de téléréalité, entourés d'acteurs, évoluant dans un décor de cinéma.En effet, le film portant ce nom, sorti en 1998, est considéré comme une représentation fidèle de ce que pensent vivre ces patients. Il raconte l'histoire d'un homme qui croit vivre une vie normale dans une petite ville tranquille, mais qui découvre par la suite que celle-ci n'est en réalité qu'un gigantesque studio de télévision dans lequel il est filmé en permanence.


Comment se caractérise le syndrome du Truman Show ?

Les patients souffrant du syndrome du Truman Show ont l'impression d'être au centre d'un monde factice spécialement créé pour eux. Ainsi, se croyant le héros d'une émission de téléréalité, certains espèrent profiter de leur célébrité, tandis que d'autres attendent la fin avec anxiété. Par ailleurs, ces patients cherchent souvent des preuves pour consolider leur délire (des caméras, des regards ambigus, des détails dans le décor, des vidéos sur internet, etc.).

Ce trouble psychiatrique se rattache aux délires psychotiques. Il se manifeste le plus souvent chez les jeunes adultes souffrant de schizophrénie, mais il peut aussi apparaître dans le cadre d'un abus de substance psychoactive ou de troubles maniaques. Aussi, les impressions bizarres, la perception de choses inexplicables et la perte de contrôle de ses propres actions résultent de perturbations cognitives complexes, comme :

  • La perte de distinction entre soi et le monde ou soi et autrui.
  • L'altération du sens commun (par exemple, des détails insignifiants deviennent saillants et menaçants).
  • Le concernement : le psychotique a tendance à attribuer au moindre détail une signification particulière qui est lui est personnellement destinée, comme s'il était le centre du monde.

Aussi, le patient a tendance à tirer des éléments de son milieu culturel pour tenter d'expliquer toutes ces impressions perturbantes.


Le milieu culturel et sociétal joue donc un rôle important dans le délire d'Hollywood ?

Le milieu culturel et sociétal semble effectivement jouer un rôle majeur dans le syndrome du Truman show. Plus précisément, ce genre de délire paranoïaque semble évoluer avec la technologie, les moyens de communication (notamment internet), l'audiovisuel, ou encore l'industrie.
Par exemple, à la fin du XVIIIe siècle, alors que les machines à vapeur étaient en plein essor, des cliniciens avaient rapporté le cas d'un patient qui s'imaginait sous l'influence d'une machine qui manipulait ses moindres faits et gestes et qui contrôlait le monde entier. Puis, dans les années 1950-1960, les psychiatres ont pu observer des cas de ce type, mais avec des délires se rapportant aux ondes radio, aux extraterrestres, ou encore à la CIA ou au KGGB.

Ainsi, la guerre froide, la propagande, les scandales politiques, le consumérisme, les médias de masse, la politique-spectacle, les fakes news... ont tendance à alimenter l'idée d'un monde factice et trompeur, idée qui se développe facilement et de façon disproportionnée chez certaines personnes psychotiques.


Inspiré des travaux de Sebastian Dieguez, de Joel Gold, de Henri Grivois, de Victor Tausk et d'Alexander Shubsachs.

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