La guérison apprise : un cas particulier de l'effet placebo

La guérison apprise est une méthode de conditionnement utilisée dans un cadre thérapeutique et qui exploite l'effet placebo.Le pouvoir thérapeutique du placebo est aujourd'hui bien connu des scientifiques. En effet, il permet de soulager les symptômes de certaines maladies en administrant des médicaments sans principe actif.
Aussi, des recherches récentes ont tenté d'exploiter l'effet placebo dans le cadre d'un conditionnement du même type que celui mis en évidence par Pavlov au début du XXe siècle dans sa célèbre expérience avec les chiens.

Cette idée est venue à l'esprit de certains scientifiques lorsqu'ils ont constaté que des personnes allergiques au pollen ou aux chats pouvaient éternuer à la simple vue d'une fleur en plastique ou d'une photographie d'un chat. En effet, cela suggère qu'il est possible de provoquer une réaction du système immunitaire par un stimulus neutre, mais aussi que les défenses immunitaires sont influencées par des processus d'apprentissage.
Par conséquent, ces chercheurs ont supposé qu'il était peut-être possible de désapprendre les allergies. Pour le savoir, ils ont testé une méthode dite de guérison apprise.


En quoi consiste la guérison apprise ?

La guérison apprise est une forme de conditionnement thérapeutique qui se déroule en deux temps. Dans un premier temps, un placebo (par exemple, un lait fraise de couleur verte) est associé au véritable médicament (un antihistaminique pour traiter les allergies) pendant quelques jours, le temps nécessaire pour que la réponse immunitaire provoquée par le médicament soit associée au placebo. Dans un second temps, seul le placebo est administré. On constate alors que l'effet thérapeutique du traitement dépourvu du principe actif est tout aussi efficace que le vrai médicament.

Et ce type de conditionnement peut s'appliquer au-delà du cadre des allergies. En effet, la guérison apprise peut s'observer chez des patients souffrants de maladies auto-immunes, d'arthrite, de psoriasis, de trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH) et peut-être même chez ceux ayant subit une greffe.
Ainsi, l'intérêt principal du placebo conditionné est de limiter les effets secondaires néfastes d'un traitement médicamenteux, et ils sont particulièrement lourds chez les personnes greffées. En outre, cela permet de réduire considérablement les coûts des traitements médicamenteux.


Les effets secondaires ne sont donc pas transférés au placebo en même temps que les effets curatifs du médicament ?

Heureusement, il semble que les effets secondaires disparaissent lorsque seul le placebo est administré. En effet, ces effets indésirables sont causés principalement par le médicament lui-même. Or, étant donné que leur action ne sollicite ni le système nerveux ni le système immunitaire, ils ne sont pas influencés par le conditionnement.

Par ailleurs, il est important de préciser que comme dans le conditionnement de Pavlov, le conditionnement thérapeutique par placebo disparaît progressivement chez les patients. Cependant, ce processus d'extinction peut être déjoué en continuant d'ajouter une petite quantité de principe actif (environ 10%) au placebo.


Inspiré des travaux de Corinna Hartmann, de Manfred Schedlowski, d'Ivan Pavlov, de Julia Kirchhof, de Bettina Doering et de Winfried Rief.

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