Quand l'appartenance à un groupe exacerbe le biais tribal...

Le besoin d'appartenir à un groupe est profondément ancré dans notre psychisme. Aussi, les différents groupes auxquels nous nous rattachons (famille, amis, entreprise, équipe de sport, religion, ethnie, nation...) ont un certain impact sur notre estime de soi. En effet, plus nous nous identifions à un ou plusieurs groupes, plus notre estime de soi se renforce.

Le sentiment d'appartenance à un groupe a également une certaine influence sur notre façon de traiter le reste de l'humanité. En effet, dès lors qu'on se sent appartenir à un groupe, on a tendance à favoriser les membres de notre groupe et à amplifier les différences avec les individus qui n'en font pas partie.


Quelles sont les conséquences de ce favoritisme ?

Notre tendance à privilégier notre groupe en distinguant bien ses membres des autres groupes, c'est-à-dire en faisant une distinction nette entre "nous" et "eux", contribue à véhiculer toutes sortes de préjugés, le plus souvent inconscients. Par exemple, les personnes blanches associent plus facilement la bienveillance au fait d'être blanc que d'être noir. Et ce biais raciste profond s'observe même chez ceux qui se croient dénués de tout préjugé envers les personnes de couleur.

L'expression du biais tribal peut s'observer au niveau du cerveau par l'activation de l'amygdale cérébrale (le centre de la peur) à la vue d'un membre n'appartenant pas à notre groupe.Ainsi, notre cerveau traite les personnes "hors-groupe" de façon particulière. D'ailleurs, lorsque des individus blancs visionnent des visages noirs, leur amygdale (une région du cerveau associée à la peur et à la perception du danger) s'active davantage que lorsqu'ils voient un visage blanc.


Comment expliquer ce biais tribal ?

Plusieurs facteurs favorisent l'expression de ce biais tribal. Voici les trois principaux :

  • Le facteur personnel : Certains traits de personnalité amplifient les réactions agressives envers les autres groupes. C'est notamment le cas du trait appelé orientation pour la dominance sociale. Il s'agit d'une forme d'antiégalitarisme valorisant les hiérarchies, y compris la dominance de certains groupes sur d'autres. C'est également le cas d'un autre trait appelé autoritarisme de droite qui se caractérise par un culte du leader et par un rejet de ceux qui s'écartent des normes.

  • Le facteur social : Le discours des partis politiques et des institutions influence grandement l'expression du biais tribal. Par exemple, la xénophobie quotidienne tend à augmenter avec la progression des partis politiques d'extrême droite. Il en est de même pour le climat social. En effet, lorsque celui-ci est menaçant, il tend à réveiller les instincts ancestraux de notre cerveau, notamment notre instinct tribal.

  • Le facteur économique : En situation d'incertitude, lorsque les perceptives de croissance et de prospérité ne sont plus aussi claires, le risque de stigmatisation des minorités grandit. En effet, sur le plan de l'évolution, en contexte de rareté des ressources, les conflits entre groupes externes pour s'assurer un meilleur accès à ces ressources moins abondantes ont dû être nécessaires pour survivre. Or, ce comportement instinctif tend à ressurgir dans des contextes de tensions économiques.

Inspiré des travaux de Laurent Bègue-Shankland, de Nyla Branscombe, de Henri Tajfel, de Will Cunningham et de de Moshe Semyonov.

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