Le biais de négativité : quand le mal domine le bien

Nous avons tendance à accorder plus d'importance aux éléments négatifs qu'aux positifs, et ce biais de négativité a des répercussions sur nos jugements et nos décisions.Nous avons tendance a accorder davantage d'attention et d'importance aux mauvaises nouvelles qu'aux bonnes, aux échecs qu'aux succès, aux défauts d'une personne qu'à ses qualités, aux critiques qu'aux compliments, et plus généralement à tout ce qui suscite des émotions négatives.
Ainsi, ce phénomène psychologique, appelé biais de négativité, influence considérablement nos jugements et nos décisions.

Ce phénomène s'expliquerait en grande partie par son utilité pour détecter efficacement un danger ou une situation hostile. Ainsi, il nous aiderait à prendre les bonnes décisions lorsqu'il est nécessaire de fuir, de combattre ou de se protéger.


Comment le négatif s'impose-t-il face au positif ?

Si, dans de nombreux phénomènes psychologiques, le négatif est plus fort que le positif, c'est parce qu'il nous marque plus profondément. En effet, le traitement cognitif des faits négatifs apparaît bien plus complexe que celui des événements positifs et mobilise donc plus de ressources cognitives et attentionnelles. De ce fait, nous avons tendance à mieux mémoriser les faits négatifs.
Plus précisément, trois principaux facteurs permettent de mieux déterminer le biais de négativité :

  • La différenciation négative : le concept de négativité est plus complexe et élaboré que celui de positivité. D'ailleurs, le vocabulaire relatif au mal est beaucoup plus riche que celui associé au bien.

  • Le pouvoir de la négativité : un élément négatif l'emporte toujours sur un élément positif de même importance. Par exemple, une étude a montré que lorsque l'on doit juger des inconnus à partir de certains traits de leur personnalité (négatifs et positifs), leurs défauts qui marquent bien plus que leurs qualités, même lorsque les deux sont équivalents en nombre et en valeur.

  • La dominance négative : nous avons tendance à interpréter plus négativement un ensemble de faits négatifs, que la somme des éléments négatifs ne le suggère. En d'autres termes, l'impression négative globale est plus importance que le cumul de chaque impression négative.

Ainsi, ces facteurs influencent grandement nos décisions et nos jugements, parfois de façon irrationnelle. Par exemple, une étude a montré qu'un individu malhonnête qui fait une bonne action est toujours considéré comme malhonnête, tandis qu'une personne honnête qui commet un seul acte malhonnête est immédiatement jugée comme fondamentalement malhonnête.


Quelles sont les conséquences de ce biais de négativité et peut-on y remédier ?

La tendance à surestimer les conséquences négatives d'un événement, d'une décision ou d'une situation risque de conduire à l'immobilisme et d'adopter une vision fermée du monde.
Heureusement, cette tendance tend à s'inverser avec l'âge. En effet, en vieillissant, nous accordons de plus en plus d'importance au positif et de moins en moins au négatif.

Certains chercheurs expliquent ce phénomène par un déclin de fonctions cognitives avec l'âge, et donc par une capacité plus réduite de traiter les faits négatifs, lesquels nécessitent davantage de ressources cognitives.
Cependant, pour d'autres il s'agirait simplement d'une forme d'apprentissage de la vie, c'est-à-dire du développement de la capacité à profiter davantage des moments agréables et à mieux saisir les faits positifs. Et cette démarche nous rendrait globalement plus heureux.


Inspiré des travaux de Daniela Ovadia, de Susan Fiske, de Kathleen Vohs, de Paul Rozin et de Laura Carstensen.

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