L'hypocrisie ou l'art de la duplicité

L'hypocrisie met en jeu des processus complexes difficiles à détecter.L'hypocrisie est particulièrement difficile à définir car elle met en scène un comportement qui oscille entre la tromperie et la transparence. Ainsi, l'hypocrite brouille les pistes, manipule, bafoue les normes sociales... Et c'est d'ailleurs pour cette raison que l'hypocrisie est bien plus méprisée que les tords qu'elle cherche à dissimuler.
A ce sujet, La Rochefoucauld définissait l'hypocrisie comme l'hommage que le vice rend à la vertu.


Existe-t-il plusieurs formes d'hypocrisie?

Il existe en effet différentes types d'hypocrisie. Plus précisément, on peut relever quatre grandes formes d'hypocrisie:

  • L'hypocrisie de vitrine: c'est la forme la plus classique. Elle consiste faire semblant d'être plus vertueux qu'on ne l'est.
  • L'hypocrisie moralisante: il s'agit de faire des reproches moraux alors que notre propre moralité est contestable.
  • L'hypocrisie à sens unique: elle consiste à émettre des exigences que l'on est soi-même incapable de suivre.
  • L'hypocrisie de complaisance: il s'agit de respecter les grands principes, mais seulement lorsque cela ne demande pas trop d'efforts.

De façon générale, l'hypocrite tend à exploiter ces quatre sortes d'attitude, plutôt qu'une seule ; le principe étant d'en faire ni trop, ni trop peu.
En effet, si l'hypocrite en fait trop, c'est-à-dire que s'il ne prend jamais le moindre risque d'être démasqué, alors l'hypocrite devient réellement vertueux et l'hypocrisie disparaît. Au contraire, si l'hypocrite n'en fait pas assez, c'est-à-dire que s'il se dévoile d'emblée, alors la tromperie devient totalement visible et la tentative de la dissimuler disparaît. De fait, l'hypocrisie n'existe plus. Ainsi, pour exister, l'hypocrisie doit nécessairement se situer entre ces deux écueils.


Mais comment se préserver des hypocrites?

Ce protéger des hypocrites est une affaire de confiance et de méfiance. En effet, l'équilibre entre la confiance et la méfiance détermine la qualité des interactions sociales. Aussi, si la confiance est risquée car rien ne permet de garantir qu'elle sera honorée, la méfiance s'avère tout aussi risquée car elle exclut des informations et des ressources précieuses.
Ainsi, il s'agit de rester vigilant en évaluant la crédibilité des informations reçues. Cette vigilance se focalise sur quatre points principaux:

  • le contenu du message
  • la logique interne de l'information
  • la réputation de l'auteur
  • le contexte dans lequel le message est exprimé

Aussi, l'efficacité de cet ensemble de mécanismes cognitifs qui sous-tendent la vigilance varie d'un individu à l'autre, voire chez un même individu selon les circonstances. C'est pourquoi les chercheurs nomment ce processus complexe la vigilance épistémique.


Inspiré des travaux de Sebastian Dieguez, de Roger Crisp et de Christopher Cowton.

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