Mieux vaut-il se venger ou pardonner ?

La vengeance est un phénomène plutôt répandu. En effet, nous avons tous (ou presque) déjà succombé à la tentation de se faire justice soi-même après avoir subi un manque de respect, une injustice ou toute autre forme d'offense.
Cette forme de représailles remplit une fonction sociale essentielle : rétablir un équilibre moral au sein de la communauté.

On peut donc considérer la vengeance comme un comportement rationnel. Néanmoins, cette contre-attaque a un coût. Sans compter qu'elle s'avère souvent inefficace, voire contreproductive.


Pourquoi la vengeance est-elle coûteuse ?

Un acte de vengeance profite souvent davantage au groupe qu'au justicier lui-même, alors que c'est lui qui doit en assumer les efforts et les risques. En effet, ce dernier risque par la suite de faire l'objet de représailles car rien ne prouve que les choses en resteront là.

Car le regard que porte la victime sur son acte de revanche est bien différent de celui de la personne qui est visée. En effet, les victimes qui décident de se venger ont tendance a considérer leur acte de représailles comme tout à fait proportionné, tandis que les individus qui subissent la vengeance ont tendance à la trouver excessive.
Ainsi, la souffrance subie est généralement ressentie comme plus vive que celle infligée aux autres. Il en résulte une incompréhension réciproque qui risque d'aggraver le conflit et de l'enliser.


Alors pourquoi prend-on le risque de se venger ?

Si la vengeance a un coût, elle est aussi source de plaisir. En effet, au cours d'un acte de vengeance, une région particulière de notre cerveau s'active. Il s'agit du striatum dorsal. Or, cette zone cérébrale fait partie du circuit de récompense et procure du plaisir. Ainsi, la vengeance est plaisante...
Néanmoins, ce plaisir est éphémère. En effet, très rapidement, de mauvais sentiments rejaillissent et conduisent les vengeurs à revivre l'injustice qu'ils ont subit, au risque de s'engouffrer dans une spirale de souvenirs douloureux. Or, ce n'est pas le cas des personnes qui n'ont pas eu l'occasion de se faire justice elles-mêmes. En effet, ces dernières parviennent à se détacher beaucoup plus rapidement de l'expérience négative pour se tourner vers des pensées plus positives.

Finalement, le mieux pour les victimes est encore de pardonner, à condition de s'assurer que cela ne soit pas interprété comme un signe de faiblesse, ce qui favoriserait d'autres injustices. En effet, pardonner permet de se présenter comme moralement supérieur au coupable et ainsi se placer au-dessus de ses bassesses, tout en donnant des chances de pacifier le conflit. Ainsi le pardon pourrait se présenter comme une sorte de vengeance masquée.


Inspiré des travaux de Theodor Schaarschmidt, de Mario Gollwitzer, de Dominique de Quervain, de Markus Denzler, d'Arlene Stillwell et de Kevin Carlsmith.

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