L'honneur bafoué ou la naissance de la violence

Pour certaines personnes, se venger d'un affront prime sur toute autre considération. C'est notamment le cas dans certaines cultures claniques ou dans des cultures plus anciennes qui mettaient en avant les vertus chevaleresques.

Ainsi, le sentiment de déshonneur risque de conduire à la violence, voire à un déchaînement extrême. En effet, les faits divers regorgent d'agressions, parfois mortelles, pour des motifs insignifiants tels qu'une parole ou un geste inapproprié, un regard insistant...


Comment le sentiment de déshonneur peut-il mener à de tels drames ?

Lorsqu'un comportement est considéré comme un affront qui mérite réparation, alors le risque que l'honneur se substitue au rôle de la justice et de l'Etat augmente. Et cette tendance est plus marquée dans les contextes où l'on ne peut compter que sur soi-même et où les ressources personnelles sont rares et précieuses. L'honneur perdu est alors une porte d'entrée vers la violence.

Il existe donc un lien étroit entre l'honneur et la violence. Ainsi, une insulte, un vol, un adultère, ou toute autre menace à l'intégrité du moi et à la réputation risque de conduire à des disputes qui, parfois, dégénèrent gravement. Aussi, ce lien entre honneur et violence semble indépendant du niveau d'éducation, des conditions économiques et d'autres facteurs sociologiques et géographiques.


Quels sont précisément les mécanismes de l'honneur et quel est son rôle ?

Chez les personnes dont le code d'honneur est très prononcé, une simple remarque désobligeante influe sur leur physiologie, leur cognition et leur comportement. Par exemple, suite à une insulte, on observe, chez ces individus, une augmentation de leur taux de testostérone et de cortisol. En outre, les solutions qu'ils proposent pour résoudre divers problèmes sont plus violentes. Enfin, ces individus se montrent plus dominants et moins enjoués lors d'une conversation.

Ce phénomène trouverait son origine dans les premières économies agraires où les gens dépendaient de leurs seules ressources, lesquelles étaient rares et incertaines. En outre, ils ne bénéficiaient pas d'une forte protection de l'Etat.
Or, dans un tel contexte, il est compliqué de surveiller constamment ses biens et de s'assurer de l'honnêteté des autres. Aussi, pour éviter de se faire voler ou abuser, un moyen efficace est de se forger une réputation de "personne d'honneur", c'est-à-dire de personne qui ne tolère pas le moindre affront. Et c'est ainsi que la culture de l'honneur s'impose progressivement...


Inspiré des travaux de Sebastian Dieguez, de Richard Nisbett et de Dov Cohen.

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