La rumination colérique ou la tendance à bougonner continuellement

Nous connaissons tous au moins un ami, un collègue, un membre de la famille... qui passe son temps à grommeler, bougonner, à pester en permanence contre tout.
Cette tendance à ruminer ses griefs est appelée rumination colérique par les chercheurs, afin de la distinguer de la rumination dépressive. Elle se caractérise par la persistance d'un état de colère intérieure permanent, sans cesse réactivé par la remémoration de diverses contrariétés.


Mais d'où vient cette irascibilité ?

Ces personnes au tempérament colérique se caractérisent par deux principales habitudes mentales propices à l'animosité :

  • Un biais d'interprétation hostile : elles ont tendance à se focaliser sur les stimuli négatifs ou menaçants et à interpréter des situations ambiguës comme hostiles.

  • Une rumination mentale prononcée : elles présentent une forte tendance à ruminer leurs griefs en permanence. C'est-à-dire que contrairement à la plupart des gens qui s'apaisent en une dizaine de minutes, les individus souffrant de ruminations colériques passent leur temps à se rejouer mentalement des situations qui les irritent.

Ainsi, ces personnes qui semblent déjà passer une bonne partie de leur temps à râler sans arrêt sont en fait constamment en colère, même lorsqu'on ne les voit pas grommeler. Elles cherchent sans cesse des raisons d'être contrariées, tout en fantasmant sur des revanches triomphales.


Cette colère perpétuelle a-t-elle des conséquences sur l'organisme ?

La colère est une émotion complexe qui joue un rôle à la fois biologique et social. En effet, d'une part elle prépare le corps à l'action en accélérant la fréquence cardiaque et en sécrétant du cortisol (l'hormone du stress), et d'autre part elle nous permet de signaler notre mécontentement.
Un tempérament colérique se caractérise généralement par une faible activité du cortex orbitofrontal.Or, la rumination colérique influe sur ces paramètres biologiques en maintenant l'organisme dans un état de tension permanente, prêt à exploser au moindre désagrément. Sans compter que cette continuelle amertume engendre un stress qui tend à accélérer le vieillissement de l'organisme.

Par ailleurs, il semble qu'une région cérébrale joue un rôle important dans cette réactivité colérique. Il s'agit du cortex orbitofrontal. En effet, les patients atteints d'une lésion au niveau de cette zone du cerveau ont du mal à se contrôler.
Au contraire, les individus qui ont une bonne maîtrise de leur colère ont tendance à activer davantage cette aire cérébrale. Mais cette réactivité cérébrale dépend aussi d'autres facteurs tels que les gènes ou les événements vécus.


Inspiré des travaux de Sebastian Dieguez, de Thomas Denson, de Ben Wilkowski et de Michael Robinson.

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