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Un laboratoire de psychologie à Paris - Partie 1

La revue des revues

En 1898, par Vaschide N.


I

Le mouvement scientifique contemporain a eu une influence décisive sur la marche de la psychologie classique. Au lieu des discussions de mots, des critiques et des jongleries logomachiques, au lieu de la manière métaphysique — pur verbiage d'ailleurs — de formuler et d'analyser les problèmes de notre vie intellectuelle, la psychologie moderne a ses méthodes exactes, son plan défini; elle a un but vraiment scientifique.

Ce changement dans la conception de la psychologie date du commencement de ce siècle, si nous voulons tenir compte des observations vagues, pour la plupart, des philosophes d'avant 1860. En Allemagne Herbart (1776-1841), et en France Maine de Biran (1766-1824), pourraient être considérés, à ce point de vue, comme les précurseurs de la psychologie moderne. D'après ce mode d'appréciation, trop étendue malheureusement, on pourrait même compter parmi ces précurseurs Descartes et Leibnitz, voire Aristote et Platon!

Le vrai commencement et plus exactement l'origine de la psychologie moderne, c'est l'époque des publications psycho-physiologiques de Lotze, Lechner (1860), Helmholtz, J. Müller et Donders, la vraie grande époque de la psychologie allemande.

Presque en même temps (1878), sous l'influence de ce courant, W. Wundt posa les fondements du premier laboratoire de psychologie à Leipzig, qui a ensuite servi de modèle à la plupart des autres.

Quatre ans auparavant, en 1874, Wundt avait publié ses Eléments de psychologie-physiologique, le premier ouvrage synthétisant les méthodes et les résultats des recherches entreprises dans cette direction; il a atteint aujourd'hui sa quatrième édition. Deux ans après la publication de Wundt, Th. Ribot, en France, commença la Revue philosophique, organe des nouvelles recherches psychologiques de France et de l'étranger. A la même époque, Charcot entreprend, sur l'hystérie et l'hypnotisme, ces expériences qui ont tant contribué à la fondation d'une nouvelle branche de la psychologie expérimentale; nous voulons parler de la psychologie morbide ou de la psychologie pathologique. En même temps paraissent en Angleterre Mind et Brain; puis en Allemagne, la revue si connue de Avenarius, Vierteljahrschrift für wissenschaftliche Philosophie, qui, malgré son caractère métaphysique, se présentait surtout comme la réconciliatrice des tendances anciennes et nouvelles. En 1881, Wundt publie ses Philosophische Studien, organe de son laboratoire de psychologie.

Temps de réaction à des signaux automatiques très rapprochés. Trois sujets se soumettaient à l'expérience: les deux premiers, MM. A. B. et J. C., arrivent à faire des réactions correctes; le troisième, M. J. P., provoque continuellement et malgré lui des réactions anticipées.Les contributions scientifiques apportées par ces nouvelles idées psychologiques sont assez importantes, et la preuve en est dans le puissant courant qui en est issu. Ce n'est pas le moment de discuter sa valeur et son mérite.

En Allemagne, sous l'influence des idées de Lotze, Fechner et Wundt, le nouveau courant s'est vite répandu, en gardant toutefois une certaine nuance métaphysique. Aujourd'hui l'Allemagne possède 6 laboratoires : Leipzig (Wundt), Göttingue (E.-G. Müller), Berlin (C. Stumpf), Bonn (Martius), Breslau (Ebbinghaus) et Heidelberg {Krarepelin).

Le nombre des laboratoires d'Europe est actuellement assez grand, néanmoins mais bien loin d'égaler celui de l'Amérique, même celui des Etats-Unis. En Europe leur chiffre s'élève à 17; ce sont, en dehors de l'Allemagne, Paris (Binet), Genève (Flournoy), Liège, Copenhague (Lehmann), Cambridge, Groningue, Rome (Sergi), Moscou (Tokarsky), Rennes (Bourdon), Louvain (Thierry), et enfin Reggio-Emilia (Italie), le plus récent fondé l'année dernière sous la direction de MM. Tamburini et G. Ferrari.

En Amérique les nouvelles idées ont eu un puissant écho; le nombre des laboratoires y est de 30, dont 26 aux Etats-Unis.

On annonce que Tokio aura bientôt un laboratoire, et que les petites républiques de l'Amérique Centrale et celles de l'Amérique du Sud suivront l'exemple; Montevideo et le Chili feraient les premiers pas dans cette direction.

Ce grand nombre de laboratoires et les nombreuses revues de psychologie qui publient les travaux, prouvent l'importance de ces nouvelles tendances en psychologie. Il faut aussi mentionner les nombreux laboratoires de physiologie, puis ceux dans lesquels des recherches psychologiques constituent l'une des principales préoccupations, et les nombreuses revues, où la psychologie a une grande place. On aura de la sorte un tableau complet du mouvement psychologique contemporain.

La France a été l'un des derniers pays où l'on ait créé un laboratoire de psychologie, mais ses contributions psychologiques étaient nombreuses, dataient de longtemps et faisaient presque une école à part.


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