Le laboratoire de psychologie expérimentale à l'université Harvard

Revue encyclopédique

En 1894, par Bordage E.

Un précurseur de la psychologie expérimentale: Gustave-Théodore Fechner (1801-1887).Lorsque, en 1860, le philosophe allemand Gustave Fechner formula sa fameuse loi: La sensation est proportionnelle au logarithme de l'excitation, rien, probablement, ne devait faire présager que cette loi, adoptée par Helmholtz, Lotze, Weber, Wundt, et après modification par Delboeuf, serait peut-être la première grande impulsion en faveur de l'expérimentation psychologique. C'est cependant ce qui semble avoir eu lieu. En 1878, Wundt fonda à Leipzig le premier laboratoire destiné à ce genre de recherches. Actuellement, on compte vingt de ces laboratoires en Amérique et dix en Europe. L'un des mieux organisés est certainement celui de l'université Harvard, à Cambridge (Etats-Unis), ouvert en 1891, par le professeur William James. En 1892, on lui a adjoint un second laboratoire et une chaire de psychologie expérimentale, occupée Par M. Hugo Münsterberg, auparavant professeur de philosophie à l'Université de Fribourg (duché de Bade).

Grâce aux recherches entreprises dans ces différents laboratoires, les savants espèrent que l'avenir montrera que les lois psychologiques sont aussi fixes et aussi déterminables que les lois de la physique; mais leur complexité est telle que, pour arriver à ce résultat, il faudra certainement surmonter des difficultés de beaucoup supérieures à celles qu'ont rencontrées les hommes illustres qui, de Ptolémée à Darwin, ont formulé les grandes lois scientifiques. On peut avoir déjà, bien qu'imparfaitement, une idée de la complexité de ces phénomènes en songeant que le temps nécessaire pour accomplir l'acte mental le plus simple serait amplement suffisant pour permettre à l'électricité, et même à la lumière, d'aller d'un continent à l'autre. C'est ainsi que pour reconnaître la direction d'un rayon lumineux, il faut, en moyenne, 11 millièmes de seconde; pour reconnaître la direction d'un son, 15 millièmes de seconde; pour dire à quelle saison appartient un mois donné, de 164 millièmes à 354 millièmes de seconde; pour répondre à la question suivante: « Qui écrivit Hamlet (ou L'Avare)? » 900 millièmes de seconde et plus, etc. Il nous semble, a priori, bien étrange que la troisième de ces questions exige, pour la réponse, plus de temps que la dernière, à moins que l'on ne s'adresse à des personnes complètement illettrées. Ce sont cependant les chiffres donnés par le laboratoire de Harvard. Cette lenteur dans les actes psychiques s'explique facilement, si l'on songe que l'influx nerveux ne parcourt que 36 mètres en moyenne par seconde, tandis que la vitesse de l'électricité est d'environ 150 000 lieues par seconde, et celle de la lumière de 330 330 kilomètres par seconde.Chaise tournante pour l'étude de la localisation des sons au Laboratoire de psychologie expérimentale de l'université Harvard.
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Outre des expériences sur la rapidité des actes mentaux, le laboratoire de Harvard a effectué de fort belles recherches sur l'étude de la localisation de l'origine des sons, sur la façon dont deux sensations élémentaires peuvent se modifier réciproquement, etc. Pour terminer, nous citerons le fait suivant établi scientifiquement. Pour pouvoir distinguer nettement, par un petit orifice percé dans un écran, la nuance d'une couleur, le diamètre de l'orifice doit varier selon la couleur, et cela pour une même personne. Si, maintenant, au moment où l'observation a lieu, on produit un son près de l'oreille de la personne qui opère, le diamètre de l'orifice devra être modifié (au moyen d'un diaphragme) et ne sera plus, pour une même couleur, ce qu'il était avant la production du son. Ce qui prouve qu'il existe des lois, en vertu desquelles les sensations les plus élémentaires peuvent se modifier réciproquement.


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