La définition de Amorçage

L'amorçage est un phénomène cognitif dans lequel un stimulus déclenche préalablement des activités normalement produites par un second stimulus.

L'amorçage sémantique

Il s'agit d'un phénomène dans lequel la signification d'un mot est rendue plus accessible grâce à la présentation antérieure d'un autre mot sémantiquement proche.
Un exemple d'amorçage sémantique est celui de la tâche de décision lexicale. Dans cette tâche, on présente au participant des suites de lettres dont les unes forment un mot et les autres non. Le participant doit répondre le plus vite possible s'il s'agit d'un mot, en appuyant sur l'un de deux boutons oui et non. On mesure alors les temps de décision. Ensuite, on compare trois façons dont la suite de lettres (par exemple, beurre) peut être présentée immédiatement après:

• Un premier ensemble de lettres neutres (par exemple, xxxxx).
• Un mot sans rapport avec le mot critique (par exemple, train).
• Un mot qui a un rapport sémantique durable avec ce mot critique (par exemple, pain).

Les résultats montrent que c'est dans la dernière situation que le temps de décision est le plus court. Il est le plus long dans la deuxième, et intermédiaire dans la première. On dit alors que pain a amorcé la décision sur beurre, alors que train l'a ralentie (par rapport à xxxxx).
L'amorçage est rapporté ici aux relations sémantiques qui existent entre les mots dans la mémoire sémantique à long terme des individus.

L'importance de l'intervalle temporelle

Dans cette situation d'amorçage sémantique, l'intervalle temporel entre les deux mots a une grande importance. Plus précisément, l'effet d'amorçage est plus prononcé lorsque cet intervalle est raisonnablement court (par exemple, de 100 à 400 millisecondes).
Si l'on raccourcit l'intervalle, l'effet d'amorçage devient moins net et, vers 50 millisecondes d'intervalle, il disparaît complètement. Ces valeurs donnent une estimation du temps nécessaire pour que l'influence du premier stimulus (l'activation) chemine jusqu'au second. Pour ces intervalles moyens et courts, le participant est incapable de prendre conscience de la relation sémantique qui existe entre les deux stimulus. De là, on en déduit que la prise de conscience est un processus qui se développe séparément et qui prend plus de temps que l'amorçage. Ce dernier est dès lors considéré comme un processus automatique.
Si on allonge l'intervalle jusqu'à lui faire atteindre deux ou plusieurs secondes, la prise de conscience de la relation sémantique apparaît. Le participant peut alors déployer des stratégies cognitives diverses. Mais dans ce cas, on sort du cadre de l'amorçage proprement dit. Un autre exemple d'amorçage peut être observé lors de la compréhension de textes. Supposons que des individus aient à lire un paragraphe ou un texte dans lequel il est dit qu'« une voiture a renversé une borne ». Supposons qu'à la suite de cette lecture on soumette ces individus à une épreuve de reconnaissance, du type oui/non, et que l'on mesure le temps de reconnaissance. Et supposons enfin que le mot borne se trouve parmi les stimulus à reconnaître. Ce mot peut, cette fois encore, être présenté en seconde position dans un couple, avec trois situations possibles:

• Précédé par xxxxx.
• Précédé par un mot non présent dans le texte.
• Précédé par un mot (ici, voiture) qui se trouvait inclus, à l'intérieur du texte, dans un même fragment de signification.

Les résultats montrent que c'est la dernière situation qui conduit aux temps de reconnaissance les plus courts. Cela témoigne en faveur d'un amorçage. Il est déclenché, cette fois, par un mot qui vient d'être tout récemment associé, par l'intermédiaire du texte, au mot critique à reconnaître.

La notion d'amorçage et la notion d'activation

La notion d'amorçage, qui est descriptive et métaphorique, est fortement liée à celle d'activation (et de diffusion de l'activation), qui en fournit une interprétation théorique.
Par ailleurs, le phénomène d'amorçage peut servir de méthode visant à mettre en évidence l'existence et la force de toutes sortes de relations sémantiques, notamment celles formées au cours de la compréhension.