La dysmorphophobie: vers une métamorphose corporelle
Une personne souffrant de dysmorphophobie a une conception erronée de son apparence physique. Plus précisément, ce trouble psychologique se caractérise par une inquiétude prononcée pour des détails physiques insignifiants qui prennent des proportions obsédantes. D'ailleurs, cette pathologie mentale fait partie du spectre des troubles obsessionnels compulsifs (TOC), dont les principales caractéristiques sont les suivantes:
- une déformation de la perception de soi et de la réalité;
- une perturbation de la volonté;
- des comportements impulsifs visant à réduire l'anxiété provoquée par des pensées intrusives.
Aussi, le malaise corporel ressenti par les dysmorphophobiques s'exprime à des degrés divers, et dans les cas les plus extrêmes, peut aboutir à l'automutilation. Mais le plus souvent, ces malades tendent à se tourner vers la chirurgie plastique.
Le recours à la chirurgie esthétique est-il vraiment efficace?
Après une intervention chirurgicale, le patient éprouve un sentiment de bien-être et retrouve la confiance qui lui faisait défaut avant l'opération. Mais cette satisfaction et cette sérénité sont généralement éphémères et le malade dysmorphophobique risque alors de se focaliser sur de nouveaux petits détails physiques à corriger.
Cette nouvelle insatisfaction indique souvent l’émergence d'un cercle vicieux relatif à une addiction à la chirurgie esthétique: le patient cherche à retrouver le bien-être et l'assurance qu'il a ressenti suite à l'opération, laquelle laissera paraître rapidement d'autres défauts esthétiques qu'il sera nécessaire de corriger pour retrouver cette sérénité perdue, etc...
Dès lors, la multiplication des opérations de chirurgie esthétique risque d'aggraver le problème. En effet, le malade dysmorphophobique risque de passer d'une transformation corporelle (le plus souvent faciale) à une déformation corporelle.
La métamorphose: le cas Michael Jackson
Si nous ne nous retrouvons pas partiellement dans le visage de l'autre, nous ressentons un malaise perceptif. Ce sentiment d'étrangeté est dû à une perte de repères qui vient troubler notre attente perceptive.
C'est pourquoi d'intenses transformations corporelles risquent de faire glisser progressivement une personne souffrant de dysmorphophobie et addict à la chirurgie plastique, dans ce "registre de l'étrangeté", renforçant encore davantage le mal-être qu'elle éprouve vis à vis de son corps.
D'ailleurs, cette gêne perceptive est souvent évoquée lorsque l'on se réfère à Michael Jackson. En effet, en remodelant de façon excessive son corps et notamment son visage, le chanteur mythique lui a fait subir d'intenses déformations; au point que son image renvoie dans l'esprit de l'observateur un certain malaise, un sentiment bizarre le plaçant à la frontière du réel et du fantastique.
Pour autant, l'ambiguïté du physique extraordinaire de Michael Jackson, à la limite de l'humain, a certainement contribué (en plus de ses performances artistiques) à susciter la fascination de son public et la naissance d'un mythe...
Inspiré des travaux de Sebastian Dieguez et de Pierre Ancet.