Le rêve lucide ou la conscience de rêver

Freud concevait le rêve comme le théâtre des conflits inconscients. Plus précisément, il suggérait que la fonction du rêve était de cacher à la conscience du dormeur ses pulsions et ses instincts en les déguisant. Ainsi, seul un psychanalyste était capable de deviner la symbolique du rêve.
Aujourd'hui, les neuroscientifiques considèrent le rêve non pas comme le domaine des symboles ou s'affrontent le ça et le surmoi, mais plutôt comme un état de conscience transformée, pendant lequel les fonctions supérieures sont atténuées.


Quel est cet état de conscience si particulier?

En fait, il existerait plusieurs niveaux de conscience, dont:

  • La conscience primaire: elle est attribuée au rêve. Elle permet de nous orienter dans une pièce et de former des connexions entre différents stimuli sensoriels.
  • La conscience secondaire: elle est attribuée à l'éveil. Elle est associée à la parole et à la pensée abstraite.

Or, il se trouve que ces deux niveaux de conscience sont impliqués simultanément au cours des rêves lucides. Ainsi, lorsque nous nous trouvons dans cet état si particulier, nous sommes conscients que nous rêvons. Certains sont même capables d'influencer le scénario de leur rêve, sans même se réveiller.

Toutefois, les rêves lucides ne peuvent pas être maintenus ou créés à volonté. Ils sont plutôt rares et s'évanouissent facilement. On estime qu'environ huit personnes sur dix ont déjà fait un rêve lucide et celles qui y sont particulièrement sujettes n'en font pas plus de un ou deux par semaine.


L'activité cérébrale au cours des rêves lucides est-elle plus proche de celle du sommeil ou de l'éveil?

L'activité cérébrale observée lors d'un rêve lucide correspond à la fois à celle d'un état de veille et d'un état de de sommeil paradoxalLes électroencéphalogrammes (EEG) obtenus au cours de rêves lucides montrent, d'une part, un renforcement des ondes caractéristiques de l'éveil (c'est-à-dire les ondes bêta et gamma) dans certaines zones cérébrales, notamment le lobe frontal; et d'autre part, une activité électrique typique du sommeil paradoxal (phase du sommeil marqué par les rêves) dans d'autres régions du cerveau, notamment les lobes pariétaux et temporaux.

En outre, l'activité du lobe frontal relevée au cours du rêve lucide est généralement observé à l'état de veille, lorsqu'un individu se concentre sur un objet. Il s'agit de l'attention dirigée. Celle-ci joue certainement un rôle clé dans les rêves lucides.
En effet, l'attention dirigée réduirait les associations absurdes qui surgissent sans contrainte durant le rêve et favoriserait les associations qui s'apparentent à un état de veille. Par exemple, dans un rêve "normal" une fête réunissant de nombreuses personnes se déroulerait dans un bouhaha général; tandis que dans un rêve lucide, cette même fête réunirait des invités qui discuteraient entre eux, sans réel bruit de fond.
Sur le plan cérébral, ce phénomène se traduit par une augmentation de la coordination entre les différentes aires cérébrales. Plus la coordination est grande, plus le degré de connexion entre ces différentes régions du cerveau est important. On appelle cela la cohérence.


Inspiré des travaux d'Ursula Voss.

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