Timidité : une distance irrémédiable

Se rendre à des réunions, des soirées, parler en public, ou même croiser son facteur, son boulanger... est généralement une véritable épreuve pour les personnes timides. En effet, les timides ressentent une émotion intense même dans des situations sociales tout à fait courantes, ce qui ne leur rend pas la vie facile.

Pour tenter de comprendre cet excès de sensibilité qui caractérise la timidité, des études ont été menées. Les résultats de ces recherches révèlent une hyperactivité du cerveau des timides. Plus précisément, cette hyperactivité cérébrale se traduirait d'une part, par une réaction émotionnelle excessive face à de nouveaux visages et d'autre part, par une impossibilité d'atténuer cette réaction intense au fil des rencontres avec ces nouvelles personnes. Une familiarisation semble donc impossible, ou en tout cas très difficile.


Comment expliquer cette réaction émotionnelle intense?

Cette réaction émotionnelle excessive s'expliquerait par le fait que le cerveau des timides est plus actif que la moyenne. Plus précisément, face à un visage exprimant une émotion quelconque (que ce soit de la peur, de la joie, du dégoût, de la tristesse, de la colère...), certaines aires cérébrales s'activent davantage chez une personne timide.

L'amygdale cérébrale, le cortex préfrontal ainsi que le gyrus frontal inférieur sont hyperactives chez les personnes souffrant de timidité.Par exemple, lorsqu'un timide se trouve face à un individu exprimant de la joie, le gyrus frontal inférieur et l'insula deviennent hyperactifs. Au contraire, lorsqu'une personne timide observe un visage exprimant de la tristesse, c'est le cortex préfrontal médian qui s'active de façon excessive.


Pourquoi le processus de familiarisation ne se met pas en œuvre chez les timides?

L'une des principales caractéristiques de la timidité est certainement cette distance persistante avec les personnes rencontrées régulièrement, qui semble irrémédiable. Plus précisément, les personnes que les timides croisent tous les jours (les collègues, les voisins, le boucher...) continuent de provoquer les mêmes réactions que celles déclenchées lors d'une première rencontre.

Lorsque nous rencontrons une personne pour la première fois, notre amygdale cérébrale s'active, ce qui provoque diverses réactions émotionnelles, dont la peur. Or, à mesure que nous croisons cette personne, la réaction de notre amygdale s'estompe et un phénomène de familiarisation s'installe.
Or, chez les timides, cette familiarisation n'a pas lieu et les personnes qu'ils rencontrent, même quotidiennement, restent étrangères et déclenchent une réaction émotionnelle toujours aussi intense. Les timides doivent donc vivre continuellement avec un sentiment désagréable d'inconnu, même en présence de personnes qu'ils connaissent depuis bien longtemps.

Pour autant, même si la timidité est souvent source de souffrance psychologique, elle reste bien acceptée socialement. Aussi, un timide est généralement plus apprécié qu'une personne très extravertie et désinhibée, qui n'hésite pas à tutoyer tout le monde, tout de suite, sans prendre la moindre précaution.


Inspiré des travaux d'Elliott Beaton et de Jennifer Blackford.

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