Pourquoi sommes-nous souvent hostiles aux avis différents du nôtre ?

Les opinons contraires aux nôtres tendent à provoquer un sentiment désagréable qui nous pousse parfois à manifester de la colère, voire de la violence.Nous avons tendance à lire ou écouter ce qui confirme nos opinions et à rejeter ce qui s'y oppose. Et cette tendance est tellement ancrée en nous qu'elle mène parfois à des manifestations de colère, voire de violence. En effet, combien d'agressions ou d'attentats ont été commis pour combattre des idées contraires à une doctrine généralement totalitaire et radicale ?

Pourtant, se confronter à des idées alternatives tend à élargir nos connaissances, à améliorer notre compréhension du monde et ainsi à mieux appréhender la réalité. 


Alors pourquoi cette tendance à ne s'exposer qu'à des opinions conformes aux nôtres ?

Différentes suggestions ont été proposées pour expliquer ce phénomène curieux qui consiste à sélectionner les pensées qui confortent nos idées et à rejeter celles qui les contredisent. Plus précisément, trois principales hypothèses ont été avancées :

  • La dissonance cognitive : Il s'agit d'un sentiment désagréable provoqué par le fait de considérer des informations contradictoires (par exemple, apprendre que notre artiste préféré a commis des actes immoraux).  En effet, accepter cette nouvelle information risque de fragiliser notre appartenance à une communauté ou à un groupe (en l'occurrence, ceux qui apprécient également cet artiste). En outre, nous avons besoin de croire en nous-mêmes et de penser que nous sommes pertinents, raisonnables, intelligents, etc. Or, une révélation aussi surprenante a tendance à nous faire douter de notre discernement et de notre sagesse. De fait, pour apaiser ce conflit mental, nous avons alors tendance à remettre en cause ce telles accusations.

  • Le réalisme naïf : Contrairement à la dissonance cognitive qui provoque le sentiment désagréable de manquer de discernement, le réalisme naïf se caractérise par une foi inébranlable en notre objectivité. Ainsi, dans ce cadre, nos opinions n'ont pas besoin d'être défendues pour éviter la dissonance car nos croyances sont des évidences. De fait, ceux qui pensent différemment ont forcément tort et les écouter n'est qu'une pure perte de temps.

  • La loi du moindre effort : Elle consiste à minimiser tout effort cognitif. En effet, nous évitons autant se faire que peut de fournir des efforts importants car cela a un coût en matière de calories consommées et d'indisponibilité pour d'autres tâches. Or, considérer un avis contraire au nôtre est particulièrement coûteux. De fait, il est naturel d'éviter de s'exposer à de telles opinions. Aussi, cette paresse cognitive tend à renforcer le réalisme naïf et fournit ainsi un terreau fertile aux dogmes religieux.

Peut-on lutter contre cette tendance naturelle à l'aversion aux avis contraires ?

Cette aversion aux opinions contraires aux nôtres favorise l'intolérance. Pour la combattre, il est nécessaire de nous méfier de nos propres certitudes et de considérer que nous pouvons avoir tort. En somme, il s'agit d'adopter une attitude plus humble et un esprit critique plus juste. Par exemple, cela peut consister à critiquer notre propre opinion plutôt que celle des autres.

Car si nous étions tous un peu moins sûrs de nous-mêmes, il y aurait certainement beaucoup moins de conflits et de violence.


Inspiré des travaux de Nicolas Gauvrit, de Julia Minson et de Charles Dorison.

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