Du doomscrolling au syndrome de stress médiatique...

Le doomscrolling a des conséquences désastreuses sur l'état psychologique, avec notamment le développement d'un trouble anxieux.En contexte de guerre, d'attentat ou encore de crise sanitaire, nous avons naturellement tendance à suivre l'actualité de près.
Et si certains s'informent en lisant les grands quotidiens ou en regardant les journaux télévisés, d'autres suivent l'actualité en visionnant des informations en continu, notamment sur des plateformes médiatiques qui diffusent un flot d'images et de vidéos plus spectaculaires les unes que les autres. Et cette tendance est largement accentuée à l'ère des smartphones, où l'accès aux fils d'actualité des réseaux sociaux est grandement facilité.

Ainsi, le risque de passer un temps excessif à faire défiler à l'infini sur son écran des nouvelles négatives, voire dramatiques, est grand. C'est ce que l'on appelle le doomscrolling. Or, cette surexposition aux médias tend à exacerber le stress de ces personnes, souvent déjà anxieuses de nature.


Quelles sont les conséquences du doomscrolling ?

Un afflux massif d'informations négatives diffusées très rapidement risque de causer des dommages sur la santé psychologique des doomscrollers. En effet, en absorbant une grande quantité d'informations sans les digérer, ces derniers accumulent des émotions négatives, des angoisses, des peurs, sans pouvoir leur donner du sens, car ils n'ont aucune vision globale des événements qu'ils visionnent.
En fait, les doomscrollers ont tendance à chercher des informations pour apaiser leurs angoisses, alors qu'en réalité, elles ne font que les nourrir. Or, à force de lutter contre des peurs obsessionnelles en visionnant des images angoissantes, un mécanisme de compulsion et d'addiction fini par se mettre en place.

Plus précisément, un doomscrolling excessif risque d'impacter la santé mentale avec l'apparition des symptômes suivants :

  • des distorsions cognitives (par exemple, le catastrophisme)
  • des ruminations
  • de l'anxiété
  • une dépression
  • du stress
  • un isolement
  • des troubles du sommeil
  • des attaques de panique

Par ailleurs, même si cette quête perpétuelle d'informations répond à une volonté de prendre le contrôle d'une situation anxiogène en obtenant autant d'informations que possible, elle tend au contraire à amplifier le sentiment d'impuissance et d'anxiété, tout en alimentant l'addiction. On parle alors de trouble anxieux lié aux médias ou aux gros titres (ou headline stress disorder).


Comment traiter le trouble anxieux lié aux médias ?

Pour traiter un syndrome de stress médiatique, il est important d'agir sur deux principaux fronts : l'utilisation raisonnée des médias et la gestion des émotions.
Ainsi, la psychothérapie consiste, d'une part, à accompagner le patient dans l'utilisation ponctuelle et à bon escient des actualités, tout en l'aidant à faire preuve de discernement vis-à-vis des informations et des images diffusées, notamment en sélectionnant les canaux officiels plutôt que les médias alternatifs. Le but étant d'éviter l'ingestion de bribes d'informations qui s'entrechoquent les unes avec les autres et qui empêchent la reconstitution d'un récit cohérent.

D'autre part, la psychothérapie vise à mettre en œuvre des stratégies de régulation des émotions. Il s'agit en quelque sorte d'identifier et d'accepter ses émotions, notamment la peur, mais aussi les ruminations mentales, l'incertitude, l'imprévisibilité et l'impermanence. De cette façon, le patient va progressivement se dégager du cercle vicieux dans lequel il s'était engouffré et reprendre progressivement le contrôle de ses émotions.


Inspiré des travaux de Grégory Michel, de Roxane Silver, de Miao Chao, de Ruth Neill, de Dana Rose Garfin, de Kathryn Buchanan et de Steven Stosny.

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