L'hyper socialité d'Homo Sapiens

Homo Sapiens s'est imposé face aux autres espèces humaines grâce à sa capacité de communication coopérative.Ce n'est que récemment à l'échelle de l'évolution que nous, Homo Sapiens, sommes la seule espèce humaine sur Terre. En effet, au cours des 300 000 ans de son existence, notre espèce a cohabité avec au moins quatre autres espèces humaines dont Néandertal.
Et le fait que les Homo Sapiens aient pris le dessus peut paraître surprenant de prime abord étant donné que d'autres espèces avaient des capacités de survie au moins égales aux nôtres. Par exemple, les Néandertaliens étaient plus puissants physiquement, très habiles pour chasser les grands mammifères, doués d'une pensée symbolique, capables de soigner leurs blessés et certainement dotés d'un langage articulé.

En somme, notre espèce n'était ni plus forte ni plus intelligente que d'autres espèces humaines. Et pourtant, à capacité de survie égale, Homo Sapiens a survécu tandis que ses concurrents se sont éteints.


Alors comment expliquer le succès d'Homo Sapiens ?

Homo Sapiens présente une caractéristique particulière que l'on ne retrouve pas dans les autres espèces humaines qu'il a pu côtoyer au cours de l'évolution. Il s'agit de sa capacité à communiquer. Plus précisément, notre espèce a su développer une communication coopérative. En effet, nous sommes capables de communiquer et de travailler avec des personnes que l'on a jamais vu pour atteindre un objectif commun. Or, cette aptitude est le fondement de toute forme de culture et d'apprentissage. Aussi, le développement d'une telle complexité sociale a permis l'émergence et la diffusion à longue distance de traditions culturelles et de technologies complexes.

Par ailleurs, cette capacité exceptionnelle de communication est le fruit d'une domestication de l'humain par l'humain au fil des millénaires. D'ailleurs, nous pouvons retrouver les preuves de cette autodomestication par l'analyse de squelettes anciens. En effet, au cours de l'évolution, les crânes d'Homo Sapiens se sont transformés : les arcades sourcilières se sont réduites, les visages se sont raccourcis et les têtes se sont rétrécies et arrondies.
Or, ces transformations physiques ont été induites par des changements physiologiques, notamment par une diminution du taux de testostérone (une hormone associée à l'agressivité), une augmentation du taux de sérotonine (une hormone associée à la coopération) et une augmentation du taux d'ocytocine (une hormone associée à l'attachement affectif et au lien social). Ainsi, la forme de la face, la taille des dents, les changements hormonaux... sont des traits caractéristiques des effets de la domestication.

Finalement, l'autodomestication d'Homo Sapiens a entraîné une révolution technique ainsi qu'une augmentation de sa population, au point de peupler toute la planète. Si bien que les autres espèces humaines ont progressivement disparu.


Homo sapiens serait donc une espèce prosociale et non violente ?

Si l'autodomestication d'Homo Sapiens a permis de sélectionner les traits favorisant la socialité, nous rendant ainsi nettement plus amicaux que ne l'était nos ancêtres sous leur forme sauvage, elle n'a pas pour autant éradiqué la violence dont nous sommes capables de nous infliger les uns aux autres.
Car ces mêmes changements hormonaux qui ont favorisé notre socialité contribuent également à nourrir une certaine agressivité, notamment lorsque les membres du groupe auxquels nous sommes attachés grâce à notre taux élevé d'ocytocine sont menacés. Autrement dit, notre tendance à protéger nos proches nous prédispose à la violence.

Sans compter que la capacité d'Homo Sapiens à étendre le concept d'appartenance à un groupe à des millier voire des millions de personnes, a entraîné des risques de conflits plus larges et plus complexes.


Inspiré des travaux de Brian Hare, de Richard Wrangham, de Michael Tomasello, de Steven Churchill et de Robert Cieri.

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