Emerveillons-nous !

L'émerveillement est un sentiment qui nous envahi lorsque survient un phénomène nouveau ou inattendu.A notre époque moderne, nous sommes bombardés d'informations, et ce dès l'enfance. Si bien que notre connaissance du monde est beaucoup plus étendue qu'autrefois, mais aussi beaucoup plus conceptuelle.
En effet, nous connaissons les caractéristiques de certains phénomènes comme le coucher de soleil, la voie lactée, etc., nous nous tenons informés de l'actualité à l'échelle mondiale, nous voyons les images des paysages de l'autre bout du monde... sans jamais vraiment les avoir vécus ou parcourus.

Et cela n'est pas sans conséquence. En effet, cette approche rationnalisée du monde a tendance à nous en détacher. Si bien qu'aujourd'hui, nous ne nous étonnons plus de rien.


Une connaissance conceptuelle du monde serait donc une entrave à l'émerveillement ?

Une appropriation rationnelle d'un arc-en-ciel, d'un arbre remarquable, de l'immensité d'une montagne... nous empêche de vivre l'expérience sensuelle du présent. Car c'est précisément lorsque nous ne parvenons pas à faire entrer le phénomène observé dans nos schémas cognitifs que nous sommes susceptibles de nous émerveiller. En effet, la nouveauté ou l'inattendu a tendance à nous submerger et nous ensorceler, jusqu'à ce que notre psychisme se réorganise et parvienne à classer mentalement cet événement qui semblait pourtant incompatible avec nos connaissances initiales.

Par ailleurs, cet état psychologique intègre souvent un sentiment de stupeur mêlé de crainte, notamment lorsque nous nous retrouvons face à l'extraordinaire, à l'immensité ou au formidable. Sans doute parce que nous sommes transcendés par un sentiment de grandeur. C'est souvent le cas lorsqu'on se trouve face à l'immensité d'un océan, à la puissance d'un volcan, etc.


L'émerveillement a-t-il une fonction ?

L'émerveillement apparaît comme le moteur de notre curiosité. Plus précisément, pour entretenir la curiosité, il est nécessaire d'être motivé. Or, l'objectif ultime de la motivation, c'est bien l'émerveillement. De plus, cet affect stimule l'altruisme et incite au partage, à la générosité et à la solidarité. Sans doute parce que le fait d'être émerveillé nous incite à nous considérer comme faisant partie d'un ensemble plus vaste. Notre ego est alors relégué au second plan.

Il est donc important de continuer de s'émerveiller. Cela peut consister à prendre le temps de regarder attentivement quelque chose qui peut sembler ordinaire (un arbre dont les branches se balancent au gré du vent, un coucher de soleil, le va-et-vient des vagues de l'océan, une scène de rue, etc.). Ainsi, c'est en posant un regard neuf sur ce que l'on a l'habitude de voir que nous serons susceptibles de ressentir une sorte d'enchantement.


Inspiré des travaux de Martin Hecht, de Dacher Keltner, de Jonathan Haidt, d'Ekkehart Martens, de Fritz Breithaupt, de Paul Piff et de Sam Goldy.

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