Des mouvements nocturnes sous contrôle...

La nuit, les enfants ont tendance à beaucoup bouger, au point de tomber de leur lit. Mais avec le temps, il finissent par intégrer les dimensions de leur lit et à contrôler leurs mouvements nocturnes.Les jeunes enfants ont tendance à beaucoup bouger au cours de leur sommeil. Au point qu'il est généralement nécessaire de les coucher dans des lits possédant des rebords surélevés pour éviter qu'ils ne s'écroulent au sol. Mais en grandissant, cette agitation nocturne diminue suffisamment pour les empêcher de tomber du lit, sans pour autant disparaître totalement.

En effet, nous changeons souvent de position la nuit. En outre, nos muscles exécutent des mouvements de contraction ou d'extension plus ou moins amples (environ 60 fois par nuit), sans doute pour éviter que des escarres ne se développent. Mais nous n'avons pas conscience de ces mouvements.

Alors comment faisons-nous pour ne pas tomber du lit ?

En fait, rester dans son lit toute la nuit sans en tomber s'apprend. En effet, sans en avoir conscience les jeunes enfants apprennent jusqu'où ils peuvent bouger sur leur matelas sans en tomber. Ce type d'apprentissage sollicite la mémoire procédurale, la même qui entre en jeu lorsqu'on apprend à faire du vélo ou à nager. Une fois la pratique acquise, elle reste en place dans le cerveau tout au long de la vie : on ne l'oublie pas.

Plus précisément, cet apprentissage est appliqué seulement lors des courtes phases de réveil qui ponctuent notre sommeil et dont nous n'avons généralement pas conscience. Il y en a environ 12 par nuit. Ainsi, durant ces courts instants de demi-sommeil, nous sommes capables de remarquer si nous sommes trop près du bord du lit et de nous repositionner le cas échéant. En d'autres termes, nous avons intégré les dimensions du lit et appris à scanner son contour de façon automatique afin de rester à l'intérieur de cet espace.

Mais alors pourquoi certains adultes continuent de tomber de leur lit ?

Certaines personnes ont effectivement des difficultés à rester sur leur matelas lorsqu'elles dorment et se réveillent parfois à côté de leur lit. Il s'agit là d'une perturbation du contrôle musculaire. Chez ces individus, les aires cérébrales responsables des fonctions motrices ont tendance à s'activer même lorsque le cerveau est endormi. C'est le cas notamment des somnambules qui déambulent la nuit mais qui ne réagissent pas si on les interpelle, et qui ne se souviennent de rien à leur réveil.

Cette difficulté à contrôler ses mouvements nocturnes se manifeste également chez certaines personnes souffrant d'un trouble du sommeil paradoxal, et qui ont alors tendance à transformer leurs rêves en mouvements. Plus précisément, durant la phase paradoxale du sommeil (la phase où se produisent les rêves), le cerveau réduit considérablement l'activité musculaire. Mais chez ces patients, ce processus ne se déroule pas correctement. Ils ont alors tendance à "vivre" leurs rêves. Ils risquent d'ailleurs de développer par la suite une maladie neurodégénérative comme Parkinson.

Il est donc préférable de consulter un spécialiste du sommeil si l'on a tendance à se réveiller à côté de son lit, avec quelques hématomes.


Inspiré des travaux de Sylvia Kotterba et d'Isabelle Arnulf.

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