Quand l'intelligence se combine à la stupidité...

Certaines personnes intelligentes, même très intelligentes, agissent parfois de façon stupide, c'est-à-dire qu'elles font des choses qui ne leur apportent pas grand-chose et qui risquent de leur coûter très cher. Le tout en ayant parfaitement conscience des conséquences désastreuses que leur acte peut avoir.

Ainsi, contrairement à ce que l'on a tendance à penser, une intelligence développée n'est pas incompatible avec la stupidité.


Comment l'intelligence peut-elle se combiner à la stupidité ?

Pour expliquer ce phénomène a priori paradoxal, des chercheurs supposent l'existence de plusieurs niveaux d'intelligence distincts. Plus précisément, ils distinguent deux grands types de processus :

  • Les processus de nature algorithmique : Il s'agit des traitements cognitifs liés au calcul et à la déduction. Ce sont ces fonctions qui sont mesurées par les test de QI. En somme, l'intelligence algorithmique détermine la quantité d'informations susceptible d'être traitée et la qualité de ce traitement.

  • Les processus de nature réflexive : Il s'agit de nos systèmes de croyances et de la mise en œuvre de nos connaissances pour atteindre les buts fixés. En somme, l'intelligence réflexive détermine ce que l'intelligence algorithmique doit faire et dans quel but. Elle dépend grandement de l'intentionnalité ainsi que de l'ensemble des représentations et des croyances relatives au monde et à son fonctionnement. Ainsi, ce niveau d'intelligence se réfère clairement à la rationalité, c'est-à-dire à la capacité de se comporter de façon sensée et rationnelle.

De fait, l'intelligence algorithmique étant dissociée de l'intelligence réflexive, il est tout à fait possible de présenter un QI très élevé et d'agir de façon insensée et irrationnelle. En effet, on peut être très intelligent et mettre cette intelligence au service de projets absurdes, nuisibles, voire criminels.


Mais comment expliquer ce manque de rationalité ?

Contrairement à ce que l'on aurait tendance à croire, beaucoup d'actions jugées stupides et insensées ne sont pas le résultat d'une impulsivité ou d'une difficulté à gérer ses émotions. En fait, elles sont souvent décidées après une longue réflexion, mais une réflexion biaisée. Plus précisément, deux principaux biais cognitifs semblent expliquer le passage à l'acte stupide :

  • Le biais d'auto-optimisme : Il s'agit de l'impression d'être immunisé contre les conséquences délétères que nos actes peuvent avoir. Par exemple, beaucoup de fumeurs ont l'intime conviction qu'ils ne tomberont pas malades, que cela n'arrive qu'aux autres.

  • Le sentiment d'impunité : A force de ne pas être sanctionné pour nos transgressions, nous avons tendance à penser qu'on ne se fera pas prendre pour celles qu'on s'apprête à faire. Par exemple, les excès de vitesse qui n'ont pas portés à conséquence nourrissent l'illusion chez leurs auteurs qu'ils continueront de passer entre les gouttes.

Ainsi, ce sont ces sentiments d'immunité et d'impunité qui sont en grande partie responsables des comportements insensés ou irrationnels. L'intelligence telle qu'on l'entend couramment et dont rend compte le QI n'a quasiment aucun lien avec les comportements jugés stupides.


Inspiré des travaux de Yves-Alexandre Thalmann, de Keith Stanovich et d'Aczel Balazs.

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