Le rôle essentiel du vagabondage mental

Le vagabondage mental est l'état naturel de notre esprit. Ainsi, il correspond au réseau du mode par défaut de notre cerveau.L'impact négatif du multitâche et de l'usage intensif des écrans sur nos capacités attentionnelles est désormais bien connu. De fait, la difficulté à rester concentré est devenue un problème majeur qui touche de plus en plus d'adultes, mais aussi et surtout d'élèves qui voient leurs performances scolaires décliner.
Ainsi, la pratique de la méditation et de la pleine conscience, qui consiste à solliciter les réseaux attentionnels de notre cerveau, est de plus en plus préconisée pour lutter contre le fléau de l'inattention.

Cependant, même s'il est vrai que ces exercices aident effectivement à pallier les problèmes de concentration, ils s'avèrent très coûteux en ressources attentionnelles. Car la pleine conscience n'est pas l'état naturel de notre esprit et elle ne peut certainement pas le devenir.


Alors quel est l'état naturel de notre cerveau ?

Le vagabondage mental, aussi appelé réseau du mode par défaut, est l'état naturel de notre cerveau. En effet, notre esprit est intrinsèquement vagabond. Ainsi, lorsque nous laissons aller nos pensées et que notre esprit se détache de la réalité extérieure pour retrouver toute sa liberté, nous activons le réseau du mode par défaut de notre cerveau.
Et si cet état a désormais tendance à être perçu comme un problème d'attention auquel il faut remédier, il est en fait très utile. En effet, le vagabondage mental joue un rôle fondamental dans les orientations de vie, l'élaboration de projets, la structuration de nos pensées, de nos souvenirs, etc.

Plus précisément, on peut relever trois principales fonctions du réseau du mode par défaut :

  • L'incubation créative : Il s'agit de trouver de nouvelles solutions à d'anciens problèmes, ou encore de créer des associations entre des concepts apparemment sans liens. Cela permet également d'aborder certains sujets sous un nouvel angle.

  • La synthèse autobiographique : Elle consiste à se faire une idée générale de qui nous sommes à travers le temps, en reliant le passé, le présent et le futur. Car c'est le plus souvent en revisitant nos souvenirs que nous prenons des décisions importantes pour notre vie.

  • Détourner notre attention : La rêverie est un excellent moyen utilisé par notre cerveau pour que l'on continue à effectuer des tâches rébarbatives et démotivantes.

La méditation et la pleine conscience seraient donc à proscrire ?

Les pratiques méditatives et de pleine conscience répondent à un réel besoin, notamment pour certains élèves particulièrement distraits. Et ce besoin ne cesse de croître en raison des multiples stimulations auxquelles nous sommes constamment exposés dans nos sociétés modernes.
Néanmoins, même s'ils s'avèrent de plus en plus indispensables, ces exercices ne doivent pas supplanter le vagabondage mental en discréditant son rôle essentiel, voire en le présentant comme un problème d'inattention.

En fait, c'est l'alternance entre l'état vagabond et la pleine conscience qui permet à notre cerveau de fonctionner de façon optimale. Il est donc important de privilégier des moments de vagabondage mental dans les périodes de réflexion, afin de faciliter l'apprentissage, le raisonnement, la créativité et plus généralement pour évoluer. Car nos plus grands projets ou nos principales orientations de vie ne résultent pas d'une réflexion structurée que l'on pourrait concrétiser en faisant une simple liste des avantages et des inconvénients. Ils sont le fruit d'un processus beaucoup plus complexe qui prend en compte une quantité considérable de paramètres que nous serions incapables de traiter de façon objective et consciente.


Inspiré des travaux de Yves-Alexandre Thalmann, de Michael Fox et de Amy Pachai.

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