Le cerveau si particulier des gauchers...

La latéralité marquée à gauche serait causée par des facteurs génétiques et un environnement intra-utérin particulier.Entre 8 et 15% de la population mondiale serait composée de gauchers, et ce depuis les temps préhistoriques, comme l'attestent les mains peintes sur les murs des grottes d'Europe. Les droitiers sont donc largement majoritaires.

Aussi, pour expliquer ce fait mystérieux, il est important de comprendre le processus de latéralisation, c'est-à-dire comment la préférence pour la main droite ou la main gauche se développe.
Des scientifiques étudient donc cette question à l'aide de technologies de pointe. Et il semble que le développement intra-utérin et le patrimoine génétique joueraient un rôle majeur.


Comment l'environnement intra-utérin influence-t-il la latéralité ?

Dès l'utérus, le fœtus montre déjà une préférence de main qui perdure généralement au cours de la vie. Cette préférence serait influencée par des hormones, mais aussi par d'autres facteurs comme :

  • La saison : Les enfants nés entre mars et juillet dans l'hémisphère nord sont plus souvent gauchers que ceux nés entre août et février. Les différents risques d'infection et le système immunitaire semblent donc influer sur la préférence manuelle.

  • Un stress physiologique durant la grossesse ou à la naissance : Des lésions cérébrales causées par une grossesse difficile pourraient être compensées par une restructuration des fonctions motrices et cognitives, entraînant un changement de latéralité.

  • Le sexe de l'enfant : Les hommes gauchers sont plus nombreux que les femmes gauchères (environ 2% en plus).

  • Le poids de naissance : La majorité des nouveau-nés pesant moins de 1000 grammes préfèrent la main gauche. De plus, il semble que les gauchers ont en moyenne un poids de naissance inférieur à celui des droitiers. C'est pourquoi la prématurité et le fait d'être né jumeau ou triplé augmente la probabilité d'être gaucher.

Par ailleurs, il est important de noter que l'hémisphère droit se développe plus rapidement que le gauche. De fait, les enfants nés très tôt seraient plus susceptibles d'être gauchers. En effet, ils utiliseraient préférentiellement l'hémisphère droit et par conséquent les membres de la partie gauche de leur corps, en raison de l'organisation croisée du système nerveux.


Le génome jouerait-il également un rôle dans la latéralité ?

Des facteurs génétiques semblent effectivement jouer un rôle non négligeable dans la préférence manuelle. En effet, 25% de la latéralité serait attribuable à nos gènes.
Plus précisément, des chercheurs ont découvert que la modification d'une seule lettre de notre génome modifie l'architecture du cerveau, notamment dans les fibres de la matière blanche qui connectent les aires du langage de l'hémisphère gauche et de l'hémisphère droit. Ainsi, chez les gauchers, les deux hémisphères cérébraux communiquent de façon plus synchrone, ce qui leur conférerait une plus grande aisance dans le maniement du langage.

Cependant, même si cette constitution cérébrale différente procurerait certains avantages cognitifs et créatifs aux gauchers, elle pourrait aussi les rendre plus vulnérables à certains troubles neurologiques et psychiatriques comme la schizophrénie. Cependant, il est préférable de rester prudent sur ces conclusions car des études complémentaires sont nécessaires pour bien comprendre les particularités du cerveau des gauchers et confirmer ou infirmer leurs conséquences sur leurs capacités physiques et cognitives.


Inspiré des travaux de Florian Sturm, de Sebastian Ocklenburg, de Gregory Jones, de Michael O'Callaghan, de Gwenaëlle Douaud, d'Akira Wiberg et de Dominic Furniss.

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