L'exploration cérébrale de la transe

Dans les cérémonies chamaniques, le son du tambour semble indispensable aux chamans pour entrer en transe, c'est-à-dire pour percevoir le monde et son propre corps différemment. Il s'agit, par exemple, de percevoir son environnement à travers le corps d'un loup et de ressentir le besoin de renifler, de hurler... comme cet animal.

C'est justement ce qui est arrivé à une jeune femme lors d'un voyage en Mongolie, alors qu'elle assistait à une telle cérémonie. Intriguée par ce qui venait de lui arriver, elle s'est alors tournée vers des chercheurs en neuroscience pour mieux comprendre cet état modifié de conscience.
Aussi, musicienne de formation, cette femme a pu isoler des fréquences précises au sein du spectre sonore du tambour, afin de mettre au point un outil particulièrement efficace pour entrer en transe. Ainsi, grâce à cet outil, environ 90% des personnes testées peuvent entrer dans cet état modifié de la conscience.


Qu'ont donc découvert les chercheurs en explorant le cerveau en transe ?

L'activité du cerveau en transe s'intensifie dans les réseaux neuronaux profonds et se réduit dans la matière grise du cortex.Tout d'abord, les mesures d'activité cérébrale réalisée grâce à l'IRM, l'EEG et la stimulation magnétique transcrânienne montrent que la transe est bien un phénomène physiologique, à l'instar de l'hypnose et de la méditation.
Plus précisément, les analyses mettent en évidence un transfert de prédominance de l'hémisphère gauche, plus rationnel, vers l'hémisphère droit, plus intuitif.

Aussi, afin de mieux comprendre ce phénomène, les scientifiques ont tenté de cartographier le cerveau en transe, comme cela a été fait pour l'hypnose.
Les premiers résultats laissent penser que pendant l'état de transe, l'activité de la matière grise du cortex tend à se réduire, tandis que l'activité des réseaux neuronaux plus profonds, et donc plus anciens à l'échelle de l'évolution, tend à augmenter.


La transe peut-elle avoir un potentiel thérapeutique ?

Le second objectif de l'étude menée est justement d'explorer le potentiel thérapeutique de la transe, comme cela a été fait pour la méditation et l'hypnose. Aussi, des médecins, psychiatres et psychologues commencent à se former à cet état de conscience modifiée pour en extraire un éventuel bénéfice sur la santé mentale.
Ainsi, certains spécialistes cherchent un moyen d'utiliser la transe pour les patients souffrant de certains troubles de la dissociation. D'autres concentrent leurs recherches sur les mécanismes de rééducation.

Mais pour l'instant, ces explorations sont encore préliminaires et de nombreuses autres études devront être menées pour confirmer et compléter ces premiers résultats. La transe semble avoir un bel avenir scientifique devant elle !


Inspiré des travaux de Steven Laureys, d'Olivia Gosseries, d'Audrey Vanhaudenhuyse et de Corine Sombrun.

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