Des mesures politiques contestées...

Une concertation est souvent nécessaire pour éviter une illusion psychologique qui s'observe souvent chez les décideurs : croire que notre vision des choses est forcément intéressante et comprise par tous."Trop intelligent, trop subtil, trop technique" : Voilà la conclusion à laquelle a récemment abouti un député du parti au pouvoir face à la contestation de la population à propos de certaines mesures mises en place par le gouvernement.
Cette phrase, qui en a offusqué plus d'un, est révélatrice d'une illusion psychologique que l'on observe assez fréquemment chez les dirigeants lorsqu'ils élaborent des politiques publiques, notamment lorsque le processus de décision n'implique pas de personnes externes : ils ont tendance à croire que la plupart des gens partagent leur point de vue et s'impliqueront autant qu'eux dans la mise en place de leur programme.
Ainsi, en cas de non-adhésion, la tentation de mettre en cause une mauvaise compréhension des citoyens plutôt que l'efficacité de la politique menée est grande.


Cette illusion psychologique touche-t-elle seulement les politiques ?

Bien que l'incapacité à comprendre que les autres puissent avoir une vision des choses différente s'observe plus facilement dans le milieu politique, c'est-à-dire chez les décideurs, elle touche tout le monde.
D'ailleurs, une étude toute simple a mis en lumière ce phénomène chez des participants à qui l'on demandait de faire deviner une chanson à un autre participant, simplement en tapant le rythme de la chanson. Les résultats ont montré que ceux qui devaient deviner la chanson n'étaient que 2,5 % a y parvenir, alors que ceux qui scandaient le rythme avaient estimé un taux de réussite à 50 %. Ainsi, les batteurs n'avaient pas saisi à quel point la situation de l'auditeur était différente de la leur.


Y a-t-il un moyen de remédier à ce biais chez les dirigeants ?

Le meilleur moyen de limiter la tendance des responsables à surestimer l'intérêt, l'adhésion et l'implication des citoyens dans leurs programmes est de favoriser la participation de personnes extérieures aux processus de prise de décision gouvernementale. Car plus nous sommes favorables à une politique, plus nous avons des difficultés à imaginer que l'on ne puisse pas l'approuver.
Ainsi, des syndicalistes, des élus, des citoyens tirés au sort... pourraient exprimer des opinions divergentes qui permettraient d'éclairer au mieux les dirigeants sur une question précise avant toute prise de décision.


Inspiré des travaux de Nicolas Baumard, de Coralie Chevallier,, de Peter Bergman et de Michael Hallsworth.

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