Des appareils high-tech pour décoder nos émotions !

Le progrès technologique en matière de décryptage émotionnel s'accélère et propose des dispositifs de plus en plus sophistiqués.De plus en plus de dispositifs technologiques sensés décrypter nos émotions à partir de notre rythme cardiaque, de notre voix, et même de notre activité cérébrale, voient le jour. Le but étant de nous aider à mieux identifier et gérer nos émotions.

Mais ces appareils associés à la e-santé sont-ils vraiment fiables ? Et surtout, ces moyens high-tech de décodage des émotions sont-ils vraiment utiles à leurs utilisateurs ? Ne constituent-ils pas plutôt un moyen d'exploiter une masse de données personnelles à des fins commerciales ou de surveillance ?


Mais d'abord, quels sont ces appareils et qu'en est-il de leur fiabilité ?

Ces dernières années, les dispositifs capables d'induire ou de décrypter certains états émotionnels se sont multipliés. Par exemple, une souris d'ordinateur équipée de capteurs de fréquence cardiaque et d'activité électrodermale a été mise au point pour permettre aux adeptes de jeux vidéos de suivre en direct leurs émotions afin de mieux les gérer dans les parties qui demandent beaucoup de sang froid. De même, une montre connectée équipée de capteurs permettant de mesurer précisément les fluctuations du rythme cardiaque vient d'être mise au point pour envoyer une notification à son utilisateur, l'invitant à se détendre dans le cas où les fluctuations sont importantes.
Or, ces appareils sont incapables de contextualiser les signaux qu'ils recueillent. Ainsi, si le détenteur de la montre connectée se met en colère ou au contraire ressent une joie intense, la notification qu'il va recevoir sera la même : elle l'invitera à se détendre.

Néanmoins, certaines technologies paraissent plus sophistiquées. C'est le cas, par exemple, des détecteurs vocaux pour smartphone. Ces derniers sont censés déterminer l'humeur d'un interlocuteur à partir des variations de son débit de parole. Ainsi, un débit rapide est associé à une émotion positive, tandis qu'un débit lent suggère un état émotionnel négatif.
Cependant, ce lien entre le débit de parole et l'état émotionnel positif ou négatif n'a jamais été validé scientifiquement. D'ailleurs, une accélération du débit de parole n'est pas forcément due à de l'enthousiasme. En effet, la colère et la peur peuvent aussi nous faire parler plus rapidement.


Ces dispositifs high-tech ne sont donc que des gadgets ?

Même si ces nouvelles technologies ne sont pas encore tout à fait au point, elles finiront sans doute par le devenir. D'ailleurs, des caméras dotées de technologies de reconnaissance faciale permettent déjà de repérer plus ou moins efficacement les expressions émotionnelles des personnes filmées.

Mais ces dispositifs risquent de s'avérer plus utiles aux GAFA ou aux autorités de surveillance qu'à leurs propres détenteurs. En effet, en mettant en lien les données personnelles dont disposent déjà ces multinationales avec ces nouveaux moyens de détection émotionnelle, ces sociétés pourront ainsi nous proposer les offres "qui nous conviennent le mieux" à partir des émotions qu'elles suscitent chez nous. Le problème est que ces propositions ont tendance à nous confiner dans une zone de confort, réduisant considérablement le hasard et l'imprévu qui, pourtant, sont une véritable source de découverte, d'ouverture et de rencontre.

Pire encore, ces nouveaux moyens de détection émotionnelle pourraient devenir de redoutables moyens de surveillance émotionnelle. La Chine semble d'ailleurs emprunter cette voie en commençant à utiliser ces dispositifs dans divers secteurs comme l'éducation, l'armée, l'aéronautique et dans de nombreuses entreprises. Ainsi, certaines classes d'écoles chinoises sont déjà équipées de telles caméras afin d'analyser en continu le niveau de concentration et l'état émotionnel des élèves. De même, un nombre croissant d'employés chinois sont désormais pourvus de casquettes munies de capteurs destinés à enregistrer leurs ondes cérébrales. De cette façon, les managers peuvent détecter en temps réel les travailleurs qui présentent une brusque variation émotionnelle ; l'objectif affiché étant de délester momentanément les employés en surcharge de travail...

Ainsi, ces bijoux de technologie pourraient bien vite nous plonger dans un véritable cauchemar sociétal !


Inspiré des travaux de Stéphane Amalto et de Pascal Lardellier.

◄ Précédent    Suivant ►

A lire également :

Des moyens de se préserver de la folie
Ecrire pour guérir...
L'illusion de supériorité ou la surestimation de nos compétences
La lecture de romans renforce nos sensations tactiles !
Le pouvoir des larmes

Utilisation des cookies

carnets2psycho souhaite utiliser des cookies.

Vous pourrez à tout moment modifier votre choix en cliquant sur Gestion des cookies en bas de chaque page.