Nous sommes plus compétents que les autres !

Qu'il s'agisse de sport, de politique, ou simplement de la vie courante, nous avons tendance à nous croire plus compétents que les autres.
Par exemple, nous avons tendance à penser que la composition que l'on se plaît à imaginer de notre équipe de football préférée serait meilleure que celle concoctée par le sélectionneur, ou bien que nos solutions en matière de politique publique seraient plus efficaces que celles des décideurs au pouvoir, ou plus généralement que nous sommes plus compétents, plus intelligents ou plus beaux que la moyenne...

Evidemment, cela est impossible. En effet, par définition, nous ne pouvons pas être tous supérieurs à la moyenne !


Alors pourquoi une telle surestimation de nos compétences ?

En fait, notre tendance à être trop confiants en nos capacités intellectuelles ou physiques est déterminée par deux principaux facteurs psychologiques :

  • L'effet de surconfiance : Cet effet, aussi appelé Dunning-Kruger du nom des psychologues (David Dunning et Justin Kruger) qui l'ont découvert, se caractérise par le fait que moins nous sommes compétents et plus nous surestimons notre compétence. En effet, lorsque nous sommes peu qualifiés dans un domaine, nous avons du mal à nous représenter l'étendue de notre ignorance. Mais la tendance inverse s'observe également. En effet, dans les domaines où nous sommes très compétents, nous avons parfois tendance à nous sous-estimer, pensant qu'une tâche que l'on trouve facile l'est également pour les autres.

  • L'effet "mieux que la moyenne" : Cet effet a été mis en évidence par le psychologue Ola Svenson. Il se caractérise par la tendance à se juger plus intelligent, plus beaux, plus créatif, plus généreux... que la moyenne. Par exemple, ce chercheur a montré que 93% des Américains pensent qu'ils conduisent mieux que la moyenne !

Comment lutter contre cette tendance à se surévaluer ?

Déjà, le fait de savoir que l'estimation de nos propres capacités sont biaisées et d'en tenir compte lorsque l'on est amené à prendre des décisions ou à évaluer nos compétences dans un domaine particulier est une étape importante. En effet, cela nous incite à faire davantage preuve d'humilité. Ainsi, en étant plus humbles et plus ouverts aux propositions avancées par les experts, nous aurons sans doute moins tendance à croire que nos solutions sont meilleures que les leurs, notamment dans les domaines où nos connaissances sont réduites.

De la même manière, en gardant à l'esprit le risque d'être influencé par les effets de surconfiance et de "mieux que la moyenne", les décideurs publics devraient reconnaître leurs limites et ainsi rester plus vigilants vis à vis des réformes qu'ils lancent. En effet, de nombreux facteurs difficiles à évaluer a priori risquent de provoquer des résultats totalement différents de ceux escomptés.
D'ailleurs, une solution a été trouvé dans le domaine du sport pour pallier ce risque. Il s'agit de recourir à des scientifiques qui analysent de multiples paramètres comme les trajectoires de déplacement, le rythme cardiaque, la distance de la balle, etc., que même les entraîneurs les plus expérimentés ne peuvent pas prendre en compte spontanément, et qui pourtant ont un impact majeur sur les performances sportives.


Inspiré des travaux de Nicolas Baumard, de Coralie Chevalier, de Ola Svenson, de David Dunning et de Justin Kruger.

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