Les dépendances comportementales : le cas de l'addiction sexuelle

La dépendance au sexe fait partie des addictions comportementales, qu'il conviendra certainement de considérer prochainement comme une pathologie mentale.Certaines conduites peuvent parfois aboutir à une addiction lorsqu'elles sont pratiquées de façon excessive. C'est le cas, par exemple, du sport, du shopping, des jeux vidéos, des jeux d'argent, des réseaux sociaux, mais aussi du sexe.
Il s'agit donc d'addictions comportementales, c'est-à-dire que contrairement aux dépendances à l'alcool ou aux drogues, ces addictions ne dépendent pas d'une substance.

Or, bien que la plupart de ces addictions à un comportement ne soient pas officiellement reconnues par la communauté scientifique comme pathologies mentales (notamment par la CIM et le DSM), certaines sont en passe de le devenir. C'est le cas, notamment, de l'addiction sexuelle, qui concerne entre 0,6 et 6% de la population.


Comment se caractérise cette addiction comportementale ?

L'addiction à la sexualité se caractérise par la répétition croissante et non contrôlée d'un comportement sexuel, malgré la souffrance et les répercussions négatives de cette conduite sur la vie professionnelle ou familiale de la personne concernée. En fait, ces individus deviennent dépendants à la libération de différentes molécules dans leurs corps au cours de leur pratique sexuelle (par exemple, la libération de dopamine, d'endorphines, ou encore de molécules antistress).

Plus précisément, on peut distinguer trois principaux types de comportements sexuels addictifs :

  • La multiplication des rapports sexuels avec des inconnus.
  • La masturbation compulsive.
  • La cybersexualité, qui consiste à visionner du contenu pornographique, ou encore à échanger, via des systèmes de messagerie, des informations à caractère pornographique (échanges d'emails, sessions webcam, partage de photographies, etc...).

Or, ce genre de conduite risque de dégrader le quotidien des personnes dépendantes, que ce soit au travail où il peuvent se masturber ou regarder des vidéos pornographiques régulièrement ; dans leur couple, avec les conflits que ce comportement risque d'entraîner ; ou sur le plan financier en raison, par exemple, des relations sexuelles tarifées. Sans compter que les addicts au sexe ont souvent honte de leur comportement et ont tendance à culpabiliser énormément.


Pourquoi l'addiction sexuelle n'est-elle pas reconnue comme une pathologie mentale ?

Tout d'abord, l'intérêt pour cette addiction comportementale ne s'est développé que récemment, notamment avec l'essor d'internet et des smartphones. En effet, dans un environnement naturel, c'est-à-dire sans internet et sans écrans, il est beaucoup plus compliqué de trouver des partenaires sexuels ou des images favorisant l'excitation sexuelle. Ainsi, les nouvelles technologies (tablettes, smartphones, etc...) facilitent grandement l'accès aux distractions en tout genre et stimulent ainsi les envies sexuelles. Or, toutes ces tentations risquent de devenir incontrôlables chez les personnes vulnérables.

Ensuite, hormis le fait que l'addiction sexuelle soit une problématique récente, le risque de rendre la sexualité pathologique explique également les réticences à reconnaître cette dépendance comme pathologie mentale. En effet, après la lutte de mai 68 pour la libération des mœurs, pathologiser la sexualité pourrait être considéré comme un recul social.
De plus, classer les pratiques sexuelles excessives dans le champs des addictions risquerait de réduire, voire de remettre en question, la responsabilité des délinquants sexuels.

C'est pourquoi il est important de proposer une définition consensuelle de l'addiction sexuelle, de développer des programmes de prévention spécifique et de mettre au point des thérapies adaptées pour que cette addiction comportementale soit officiellement reconnue par les classifications psychiatriques internationales.


Inspiré des travaux de Bénédicte Barbotin, de Michel Lejoyeux, de Christophe André, d'Aline Wery et de Joël Billieux.

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