Les émotions dimorphes : des réactions corporelles décalées

Une réaction dimorphe est une réaction corporelle en décalage avec l'émotion ressentie.Nos réactions corporelles ne sont pas toujours en adéquation avec notre état d'esprit. Par exemple, nous pouvons pleurer dans un moment de joie intense, rire nerveusement dans une situation qui ne s'y prête pas du tout, faire une grimace en goûtant un mets délicieux, avoir une soudaine envie de pincer les joues bien rondes d'un adorable bébé, de serrer très fort des animaux tout mignons, etc...

De telles réactions sont qualifiées de dimorphes. Ainsi, ces réactions ambiguës paraissent à première vue absurdes. Pourtant, elles joueraient un rôle important...


Quel est donc le rôle des émotions dimorphes?

Les émotions dimorphes auraient en fait deux rôles principaux : un rôle régulateur et un rôle social.

En ce qui concerne la fonction régulatrice, il semblerait que dans une situation à forte charge émotionnelle, les réactions dimorphes nous aideraient à réguler nos émotions et à les apaiser lorsqu'elles nous submergent. En effet, en recevant des signaux de la périphérie du corps contraires au sentiment éprouvé, notre cerveau aurait tendance à atténuer ce trop plein d'émotion.

En ce qui concerne maintenant la fonction sociale, il semblerait que les émotions dimorphes soient un moyen de communiquer à notre entourage notre état affectif profond. Par exemple, un sportif qui vient de gagner un tournois important et qui, plutôt que de lever les poings se met à pleurer, est une façon de manifester malgré lui un besoin de repos, de réconfort et de calme.


Et qu'en est-il des réactions "agressives" face à ce qui est mignon?

Face à de tout jeunes animaux attendrissants ou à des bébés potelés, notre envie de les serrer fort, de les mordiller ou de pincer leurs joues peut sembler également paradoxale. En effet, pourquoi manifester des signes de d'agressivité (même contenue) envers des êtres si mignons et si fragiles ?

En fait, il semble que la réponse soit également à chercher dans le rôle social des réactions dimorphes. Plus précisément, en voyant une personne en train de croquer les cuisses d'un poupon, son entourage a tendance à lui rappeler que c'est un être fragile. Ainsi, ce type de réaction dimorphes susciterait l'attention des proches et leur rappellerait la nécessité de rester vigilant et délicat pour prendre soin d'un nourrisson.


Inspiré des travaux d'Oriana Aragón et de John Bargh.

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