Une vie de bourreau...

Les bourreaux ont parfois du mal à gérer le fait de donner la mort à des personnes, même s'ils mettent en place différentes stratégies pour garder une certaine distance avec leur métier.Alors que la peine de mort à été abolie dans la majorité des pays, elle reste en usage dans 58 Etats du monde, parmi lesquels la Chine, l'Iran, l'Arabie Saoudite, l'Iraq, les Etats-Unis, l'Egypte...

Aussi, les bourreaux chargés d'appliquer la peine capitale ne semblent pas tellement affectés psychiquement par cette activité professionnelle pourtant si particulière. Par exemple, aux Etats-Unis, les exécuteurs ne sont statistiquement pas plus dépressifs que le reste de la population.


Comment les bourreaux gèrent-ils le fait de donner la mort?

Provoquer délibérément la mort d'une autre personne, non par vengeance, ni par colère, ni même pour se défendre, mais simplement parce que c'est son travail, peut paraître a priori difficile à vivre. Pourtant, cette tâche ne semble pas tellement perturber l'âme des bourreaux.
En fait, ces derniers ont tendance à mettre en œuvre différentes stratégies pour éviter le contrecoup psychologique des décès qu'ils provoquent. Voici les principales:

  • La déresponsabilisation : les bourreaux ne se considèrent pas comme responsables, mais comme de simples fonctionnaires qui accomplissent une tâche au sein des rouages de l'Etat.
  • Le partage du travail : l'organisation de la mise à mort est pensée de manière à alléger le sentiment de responsabilité de chaque exécuteur. Par exemple, lors d'une injection létale, un employé attache le condamné, un autre pose la perfusion et un dernier injecte le produit.
  • La dissociation morale : les bourreaux ont tendance à défendre leur travail en mettant en avant des raisons économiques ou sécuritaires aux exécutions. Par exemple, ils avancent souvent comme argument qu'une exécution est moins coûteuse pour la société qu'une peine perpétuelle.
  • La déshumanisation les condamnés : les exécuteurs ont tendance à attribuer moins de caractéristiques humaines aux condamnés. Par exemple, ils minimisent les sentiments de culpabilité ou de regret des prisonniers.

Ainsi, ces mécanismes de rationalisation permettent aux bourreaux de garder une certaine distance avec la mise à mort d'un être humain.


Tous les bourreaux sortent-ils indemnes de leur métier?

Il est toujours difficile de mettre de côté ses sentiments pour exécuter une tâche, surtout lorsque des vies humaines sont en jeu. En fait, malgré toutes les mécanismes de défense mis en œuvre par ces fonctionnaires de la mort, beaucoup finissent quand même par être touchés par leur travail.
Aussi, même si la plupart des bourreaux précisent qu'ils essayent de toujours mener les exécutions avec le plus de respect et de dignité possible, pour certains la tâche s'avère trop lourde. Ceux-ci risquent alors de se réfugier dans l'alcool, voire de se suicider. Au contraire, d'autres préfèrent briser le silence et se mettent à dénoncer publiquement la peine de mort.


Inspiré des travaux de Jana Hauschild, de Michael Osofsky, d'Albert Bandura et de Philip Zimbardo.

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