Le machiavélisme : un moteur de l'évolution humaine ?

C'est de l'auteur Machiavel qu'est tiré le terme machiavélisme. Celui-ci désigne un trait de caractère très sombre, impliquant un comportement manipulateur, hypocrite et cynique.Le machiavélisme peut se définir comme une tendance à la manipulation, à l'hypocrisie et au cynisme. En effet, ce terme est tiré de l'auteur Machiavel qui, dans son ouvrage Le Prince, prône l'usage de la tromperie et de la manipulation pour gouverner, notamment en raison de la complexité des situations sociales dans lesquelles sont placés les souverains.

Plus précisément, Machiavel recommande de toujours s'adapter aux circonstances du moment et de faire passer le pragmatisme avant la morale, sans toutefois dévoiler les entorses éthiques qui en découlent.
Ainsi, le machiavélisme a une connotation plutôt négative. Pourtant, cette attitude sournoise semble présente chez chacun de nous, à des degrés divers.


Le machiavélisme serait donc une tendance naturelle?

Il semble, en effet, que nous avons tous une part de machiavélisme en nous. Plus précisément, à partir des années 1970, des psychologues ont pu mesurer ce trait de caractère à l'aide d'un questionnaire (le Mach IV). Ils ont ainsi montré que nous sommes tous plus ou moins machiavéliques. Et ceux chez qui cette tendance est particulièrement prononcée sont davantage manipulateurs, cyniques et malhonnêtes que la moyenne de la population. En outre, ils se sentent peu concernés par les conséquences de leurs actes.
D'ailleurs, le machiavélisme est considéré comme une composante de la triade noire de la personnalité, avec le narcissisme et la psychopathie. Il s'agit donc d'un trait particulièrement sombre, mais pourtant bien ancré dans l'espèce humaine. Si bien qu'on peut supposer que le machiavélisme aurait, malgré tout, joué un rôle important dans l'évolution de l'humanité.


Le machiavélisme aurait donc eu une certaine utilité dans notre histoire évolutive?

A vrai dire, de nombreux chercheurs se sont posés la question. Aussi, pour tenter d'y répondre, ils ont évalué le rapport entre le machiavélisme et la taille de cerveau, aussi bien chez les humains que chez les primates, les corvidés, les cétacés et même les hyènes. Ils ont alors découvert que plus le cerveau était gros (proportionnellement à la taille du corps), plus l'intelligence machiavélique des espèces animales était élevée.
En effet, la capacité à sceller des alliances, à dissimuler des informations, à induire son congénère en erreur, à anticiper toutes les réactions possibles, etc... nécessite une forte puissance de calcul mental, et donc un cerveau particulièrement développé.

Ainsi, la taille du cerveau serait conditionnée par la complexité des interactions sociales, c'est-à-dire par l'étendue du groupe, sa complexité hiérarchique et relationnelle, et la fréquence de tromperie ou d'hypocrisie. Par conséquent, on peut supposer que le machiavélisme aurait bien contribué au développement de notre cerveau au cours de notre évolution.


Inspiré des travaux de Sebastian Dieguez, de Richard Christie, de Florence Geis, de Richard Byrne et de de David Wilson.

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