Sommes-nous manipulés par notre cerveau ?

La notion de libre arbitre semble parfois remise en question suite à la lecture d'article scientifiques traitant du fonctionnement du cerveau.L'initiation aux neurosciences tend à laisser croire que nos décisions ne seraient que le résultat d'une série de processus neuronaux sur lesquels nous n'aurions aucune prise.
En d'autres termes, notre libre arbitre ne serait qu'une illusion. Et cette idée n'est pas sans conséquence sur notre comportement et sur le fonctionnement de la société en général...


Quelles sont précisément les conséquences d'une remise en question de notre libre arbitre?

La lecture d'ouvrages relatifs au fonctionnement du cerveau conduit généralement à penser que nous ne serions pas vraiment responsables de nos actes, dans la mesure où ces derniers découleraient de réactions biochimiques se produisant dans nos neurones, et sur lesquels nous n'aurions aucune prise. Aussi, remettre en question le libre arbitre favorise l'émergence de certaines pensées et certains comportements, parfois positifs, mais parfois aussi négatifs:

  • Nous avons tendance à être plus cléments: par exemple, les personnes ayant lu quelques articles expliquant que les actions humaines découlent de processus neuronaux, ont tendance à juger un criminel moins coupable que celles qui n'ont rien lu. En effet, elles recommandent une peine de prison en moyenne deux fois plus légère.

  • Nous avons tendance à renoncer aux règles de vie commune: des recherches ont montré que les étudiants remettant en question le libre arbitre ont tendance à tricher en moyenne deux fois plus que les autres étudiants.

  • Nous sommes plus enclins à nuire à autrui: une expérience a révélé qu'après la lecture d'un article démontrant l'inexistence du libre arbitre, les participants versaient deux fois plus de sauce piquante que les autres, sur des chips destinées à un cobaye qui déteste ce type d'assaisonnement.

En somme, la remise en question de notre responsabilité individuelle tend à entraver notre capacité de vivre en société.


Mais notre cerveau nous manipule-t-il vraiment?

Au premier abord, on peut penser que les neurosciences présentent une vision déterministe du comportement humain, c'est-à-dire une vision selon laquelle nos comportements découleraient de réactions biochimiques dans notre cerveau et dont nous n'aurions aucune prise. Cependant, cette interprétation des résultats scientifiques implique un dualisme entre l'individu et son cerveau. Or, cette idée est scientifiquement intenable. Au contraire, les neurosciences montrent que le moi et le cerveau se confondent.

Ainsi, une compréhension plus approfondie des neurosciences conduit à penser que la liberté et la responsabilité individuelle ne sont pas une illusion, et que nous ne sommes pas des pantins manipulés par notre cerveau. Cela dit, cette conclusion ne tient que dans la mesure où nous sommes pleinement conscients de nos actes. En effet, certains états de conscience altérée tels que le somnambulisme, la psychose, etc... sont des cas bien particuliers, où la notion de responsabilité individuelle est effectivement remise en question.


Inspiré des travaux d'Azim Shariff, de Kathleen Vohs, de Roy Baumeister et de Florian Cova.

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