Le syndrome de Capgras ou l'illusion des sosies

En 1923, le neurologue Joseph Capgras identifia un syndrome bien particulier. Il s'agit d'un délire dans lequel le patient est persuadé que ses proches ont été remplacés par des sosies malveillants et sans individualité. Ce trouble se manifeste plus fréquemment chez les patients souffrants d'une schizophrénie, d'un traumatisme cérébral ou d'une démence, notamment une maladie neurodégénérative.


Comment se manifeste concrètement cette maladie?

Voici l'exemple concret d'un patient que l'on nommera Jacques. Celui-ci est âgé de 76 ans et est atteint de la maladie de Parkinson. Après des traitements médicamenteux infructueux, ses médecins tentent une stimulation cérébrale profonde afin de stimuler certains circuits de régulation des mouvements, et ainsi réduire les tremblements et les rigidités musculaires. Tout semble bien se passer...
Cependant, trois semaines plus tard, Jacques est en proie à d'étranges illusions. En effet, il affirme que six sosies de sa femme se sont installées chez lui. Elles portent toutes le nom de son épouse et s'acquittent de différentes tâches dans la maison. Dès lors, Jacques se montre particulièrement agressif envers sa femme qu'il accuse d'être un clone.
Ses médecins diagnostiquent alors un délire d'illusion des sosies de Capgras.


Comment une stimulation profonde a-t-elle pu déclencher un tel délire?

Le syndrome de Capgras est certainment dû à une lésion cérébrale, au niveau du noyau sous-thalamique.En fait, les courants électriques de l'électrode que les médecins ont implanté dans le cerveau de Jacques ont certainement perturbé le traitement des informations cognitives, émotionnelles et motrices, qui transitent dans cette zone du cerveau appelée noyau sous-thalamique.

Plus précisément, le rôle du noyau sous-thalamique consiste à fusionner les émotions avec les informations perceptives et cognitives. Or, l'électrode a certainement perturbé les connexions entre les régions de traitement des émotions et les zones de reconnaissance des visages. D'où l'impression de Jacques de voir une femme qui ressemble parfaitement à son épouse, avec l'intime conviction que ce n'est pas elle, car il ne ressent plus le sentiment affectif qu'il ressentait avant lorsqu'il la voyait.


Inspiré des travaux de Christina Rose Kyrtsos et de William Hirstein.

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