L'avarice, ce vilain défaut !

Les avares aiment l'argent, mais ils craignent de s'en servir. (Plutarque)Les avares sont généralement mal acceptés. En effet, l'accumulation de la richesse et le refus de la convertir en biens, en loisirs, en cadeaux, etc... sont des comportements perçus non seulement comme égoïstes, mais également comme absurdes, voire anormaux.
En effet, ce type de rapport à l'argent s'avère totalement contre-productif sur le plan économique.


Mais d'abord, quelles sont les caractéristiques de l'avarice?

On peut relever trois principaux traits psychologiques et comportementaux caractéristiques de l'avarice:

  • L'aversion à la perte: perdre de l'argent, ou simplement l'éventualité d'en perdre, est particulièrement douloureux chez les avares. Plus précisément, la peur de perdre une certaine somme d'argent influe davantage sur leur état psychologique et comportemental que le désir de gagner une somme équivalente. Ainsi, face à la possibilité de gagner ou de perdre, par exemple, 10 euros à pile ou face, c'est l'éventualité qui de perdre prend le dessus, ce qui conduit la personne à refuser de jouer. De fait, l'avare se consacre surtout à des petit gains immédiats et sûrs et s'avère assez peu doué pour les affaires et le commerce.

  • L'incapacité à jouir d'autre chose que de l'argent: l'argent est considéré comme une fin et non comme un moyen. Cette inversion résulte d'une survalorisation et d'un surinvestissement affectif pour l'argent lui-même et non pour ce qu'il permet d'acquérir. Sur ce point, des études ont montré que passé un certain stade de l'amour de l'argent, le cerveau perd toute sensibilité aux plaisirs naturels. Ainsi, l'argent devient la seule source de gratification. De là s'opère une déconnexion entre l'argent et les plaisirs qu'il permet de se procurer.

  • L'atrophie de l'imagination: l'activité mentale de l'avare est réduite. En outre, ses idées sont étroites et sa curiosité est quasi inexistante. D'ailleurs, cette atrophie psychique est à la fois cause et effet de l'avarice. En effet, la réduction progressive des capacités mentales empêche toute prise de conscience de ce sentiment surdimensionné de possession, et donc exclut toute tentative de le réduire. Ainsi, l'avare entre dans un cercle vicieux. D'ailleurs, il n'est pas rare que les avares n'aient pas conscience de leur avarice.

Quelles sont les causes de ces comportements?

Des études neuroscientifiques ont pu mette en évidence quelques dysfonctionnements au niveau du cerveau. Par exemple, en ce qui concerne l'aversion à la perte, des chercheurs ont montré qu'un réseau se désactive lorsqu'on anticipe un gain et s'active quand on envisage une perte. Aussi, cette activation cérébrale est plus ou moins marquée selon l'intensité de l'aversion. Ce réseau est composé notamment de:

  • L'insula postérieure: elle participe au ressenti des émotions.
  • L'amygdale cérébrale: elle est impliquée dans la peur et les comportements d'évitement.

En outre, des études ont montré que les personnes présentant une plus forte aversion à la perte étaient celles qui avaient une plus grosse amygdale cérébrale, et inversement. Toutefois, on ne sait pas encore, à l'heure actuelle, si ces différences de taille sont innées ou si elles résultent de la plasticité cérébrale...


Inspiré des travaux de Sebastian Dieguez, de Nicola Canessa et de Jean-Claude Dreher.

◄ Précédent    Suivant ►

A lire également :

Argent et altruisme : deux termes qui ne font pas bon ménage !
E-thérapie : une pratique en plein essor !
Égalité ou stabilité : un choix cornélien
Influencer par la menace ou par la récompense ?
L'argent contribue-t-il au bonheur ?

Utilisation des cookies

carnets2psycho souhaite utiliser des cookies.

Vous pourrez à tout moment modifier votre choix en cliquant sur Gestion des cookies en bas de chaque page.