Qu'en est-il du traitement par électrochocs ?
Encore aujourd'hui, les électrochocs ont une très mauvaise image. En effet, très souvent controversés et mal connus, ils sont facilement caricaturés et apparentés à des méthodes barbares dans de nombreux films (par exemple: Vol au dessus d'un nid de coucou, Requiem for a dream, etc...). De fait, les électrochocs font peur et c'est bien légitime...
Pourtant, la réalité est toute autre. En effet, contrairement aux idées reçues, les crises convulsives provoquées par les décharges électriques, loin de torturer les patients, s'avèrent, au contraire, particulièrement efficaces pour traiter les troubles de l'humeur, notamment les états psychotiques aigus et les formes graves de dépression.
Alors pourquoi les électrochocs sont-ils si controversés?
Leur mauvaise réputation tient sans doute au fait que lorsqu'on a commencé à provoquer des chocs, au tout début, c'est-à-dire dans les années 1930, les méthodes employées étaient alors risquées. En effet, le plus souvent, on utilisait du cardiazol ou de l'insuline afin de provoquer des convulsions et un coma (appelé coma insulinique). Or, ces traitements pouvaient laisser de graves séquelles.
Néanmoins, on pouvait constater une bonne amélioration des symptômes de la schizophrénie ou du trouble maniaco-dépressif.
Heureusement, la méthode s'est améliorée à partir des années 1940. Cette fois, il s'agissait de placer des électrodes sur les tempes du patient afin de provoquer une crise convulsive. Ces crises répétées plusieurs fois permettaient souvent d'obtenir de très bons résultats, notamment pour les épisodes dépressifs majeurs (dans 9 cas sur 10).
Pour autant, cette pratique n'était pas non plus sans danger. En effet, l'activité motrice liée aux convulsions risquait de provoquer de graves blessures. Et il a fallu attendre encore quelques années (à partir des années 1950) avant que les électrochocs ne soient administrés sous anesthésie et curarisants (pour paralyser l'activité motrice).
Qu'en est-il des électrochocs aujourd'hui?
Avec l'apparition des médicaments psychotropes dans les années 1950, les traitements par électrochocs se sont fait plus rares. Néanmoins, ils n'ont jamais disparus. Simplement, depuis cette période, ils sont réservés aux cas les plus graves de troubles de l'humeur (dépression, état psychotique aigu, etc...), ou lorsque les traitements médicamenteux se révèlent inefficaces ou contre-indiqués.
En pratique, l'éléctroconvulsivothérapie comprend généralement trois séances d’électrochocs par semaine, pendant un mois. Aussi, ce traitement comporte très peu d'effets indésirables: de l'hypertension et des troubles de la mémoire qui disparaissent assez rapidement.
Enfin, même si les électrochocs sont, encore aujourd'hui, reconnus pour leur efficacité, l'explication de leur succès reste un mystère...
Inspiré des travaux de Bernard Granger.