Un plaisir proche du sadisme...

Le malheur des uns fait le bonheur des autres.Qui ne s'est jamais réjouit d'une mésaventure d'un concurrent, d'une star, d'un politicien, etc...? Ce plaisir, même s'il est proche du sadisme s'en distingue néanmoins.
En effet, le sadisme implique d'infliger soi-même un malheur à autrui. Dans le cas où il s'agit simplement d'une posture passive, les Allemands ont trouvé un terme qui n'a pas d'équivalent français pour qualifier ce sentiment de joie intérieure: schadenfreude.


Cette jubilation est-elle naturelle?

Ce plaisir éprouvé au spectacle des malheurs d'autrui peut être considéré comme naturel dans la mesure où il s'ancre dans une logique évolutionniste. En effet, dans un contexte de lutte et de compétition (d'abord alimentaires, sexuelles et territoriales; puis économiques, idéologiques, etc...), l'échec d'un rival est une opportunité pour les autres.

En outre, ce sentiment existe non seulement entre individus, mais également entre groupes rivaux (par exemple, entre équipes sportives, entre entreprises, entre partis politiques, entre nations, etc...). Il tend même à s'amplifier à l'intérieur du groupe pour deux raisons principales:

  • Les individus sont plus compétitifs lorsqu'ils sont en groupe que lorsqu'ils sont isolés car ils se nourrissent des émotions des autres membres, ce qui accentue la rivalité intergroupes.
  • En plus d'amplifier les émotions, le groupe les rend plus légitimes et acceptables. En effet, le partage d'un sentiment, même vil, tend à le valider socialement.

Cet effet de groupe ne risque t-il pas de d'inciter à la violence?

Le partage et le renforcement de cette jubilation malsaine face à la souffrance d'autrui ou de groupes rivaux risque en effet de favoriser les préjugés, la haine et la violence.

Certains psychologues supposent même que ce phénomène jouerait un rôle notable dans des conflits extrêmement graves, dont ceux conduisant à des génocides. Par exemple, dans le cas du génocide juif, il y avait à cette époque, en Allemagne, un certain ressentiment à l'égard des Juifs. Cette animosité, subtile au début, s'est vraisemblablement développée au fil du temps au point de susciter une certaine complaisance, ou du moins une passivité, face à la souffrance des Juifs.


Inspiré des travaux d'Emily Anthes et de Russell Spears.

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