La définition de Psychopharmacologie

La psychopharmacologie désigne l'étude des médicaments qui ont un effet sur l'activité mentale.


Les premiers médicaments de synthèse

Certains sédatifs végétaux comme l'opium, la belladone ou la racine de rauwolfia sont mentionnés dès l'Antiquité. Des drogues comme le haschisch, le peyotl ou la coca ont été utilisées dans le passé pour favoriser les expériences mystiques. Les principes actifs de ces drogues n'étaient pas connus. C'est seulement au XIXe siècle qu'ils ont été isolés et que l'on a produit les premiers médicaments de synthèse.
Parmi les psychostimulants, la caféine du café, la strychnine de la noix vomique, l'éphédrine, ont ainsi été extraites de substances naturelles. Les amphétamines, amines synthétiques, ont d'abord été utilisées sous forme de benzédrine, puis de dexédrine et enfin de méthyl-amphétamine. Parmi les hallucinogènes, la mescaline du peyotl a été utilisée par la suite dans les études de pharmacologie expérimentale par Willy Mayer-Gross en Allemagne puis en Grande-Bretagne et par l'école de Jean Delay en France.
En ce qui concerne les sédatifs, les alcaloïdes de la belladone, dont l'atropine, et la scopolamine de la jusquiame sont isolés. D'autres composés reçoivent des applications cliniques. Ainsi, le bromure, traitement des états comitiaux, sera alors qualifié de muselière des épileptiques. De même, le chloral reste encore utilisé comme hypnotique de nos jours.
Quant aux barbituriques, ils seront découverts au début du XXe siècle avec la diéthyl-malonylurée. La phényléthyl-malonylurée sera proposée comme hypnotique avant que ne soient mises en évidence ses propriétés antiépileptiques. À partir de 1935, la synthèse de barbituriques à demi-vie courte permettra leur utilisation par voie intraveineuse dans les narco-analyses. Les barbituriques sont aussi utilisés comme sédatifs à doses filées.


Le traitement chimique des états psychopathologies

Il faut attendre les années 1950 pour que des composés montrent une efficacité thérapeutique spécifique dans les états psychopathologiques. La découverte, en 1952, de l'efficacité de la chlorpromazine dans les psychoses marque la naissance de la psychopharmacologie d'aujourd'hui. Jusqu'alors, on ne disposait pas de médicaments véritablement actifs dans les grands troubles mentaux mais seulement de sédatifs et d'hypnotiques non spécifiques ou bien l'on avait recours aux méthodes de choc (comme l'électrochoc). En 1950, la prométhazine fut proposée dans le traitement des états d'agitation. Elle est encore utilisée comme antiallergique et comme sédatif hypnotique. La chlorpromazine est une autre phénothiazine dérivée des antihistaminiques, famille qui sera d'ailleurs plus tard à l'origine des premiers antidépresseurs. La chlorpromazine reste cependant le chef de file de la série de médicaments neuroleptiques (ou tranquillisants majeurs). Les neuroleptiques s'avéreront efficaces non seulement dans les formes aiguës et productives de psychose, mais également dans les schizophrénies déficitaires d'évolution chronique, marquées par l'inhibition.
C'est en 1963 que la capacité à bloquer les récepteurs dopaminergiques, commune à ces composés hétérogènes sur le plan chimique, a été découverte. À la recherche de substances possédant des propriétés anxiolytiques et sédatives sans effet hypnotique, les chercheurs ont synthétisé le chlordiazépoxyde, première benzodiazépine. Les benzodiazépines, les plus connus des tranquillisants mineurs, seront largement prescrites à partir des années 1960. Moins toxiques, elles remplaceront progressivement les barbituriques. Médicaments symptomatiques de l'angoisse, elles n'ont pas l'effet spécifique et original des neuroleptiques et des antidépresseurs.
Les deux premiers types d'antidépresseurs (ou thymoanaleptiques), ont été découverts en 1957: un tricyclique, l'imipramine, et un I.M.A.O. (inhibiteur de la monoamine-oxydase). Plus récemment, des antidépresseurs aux structures chimiques hétérogènes ont montré une efficacité antidépressive similaire. Ces composés ont tous la propriété de redresser l'humeur dépressive jusqu'à entraîner parfois une inversion de l'humeur se traduisant par un état maniaque.
D'autres médicaments, dits thymorégulateurs, sont utilisés dans le traitement de fond des troubles de l'humeur. Le lithium, utilisé dès 1949 puis abandonné, a été réintroduit en pratique clinique après que le Danois Mogens Schou eut montré que son efficacité et son innocuité dépendaient du strict contrôle de ses taux plasmatiques. Le lithium possède un effet curatif antimaniaque et surtout un effet préventif des rechutes maniaques et dépressives qui a transformé le pronostic de la psychose maniaco-dépressive, les patients n'étant plus à la merci d'une récidive.


La classification des psychotropes

Le développement de la psychopharmacologie a conduit à une classification des psychotropes, comme celle que propose Pierre Deniker après Jean Delay.
Au-delà de son efficacité sur des symptômes-cibles, la psychopharmacologie peut conduire à une modification psychologique globale chez les patients, leur permettant de réaménager les relations qu'ils entretiennent avec eux-mêmes et avec les autres. C'est ainsi que les neuroleptiques ont contribué à vider les hôpitaux psychiatriques et à rendre certains patients accessibles à la psychothérapie individuelle ou aux prises en charge institutionnelles.
Sur le plan théorique, les psychotropes, véritables outils pharmacologiques, ont pu servir d'analyseurs des comportements et des systèmes monoaminergiques en jeu dans les maladies mentales. Ils ont ainsi conduit à la classification du DSM, accrédité la théorie dopaminergique de la schizophrénie et contribué à séparer les troubles paniques des autres formes d'anxiété. La psychopharmacologie a certainement modifié profondément notre vision de la psychiatrie. Il est remarquable que les découvertes fondamentales en psychopharmacologie aient eu pour origine l'observation clinique et qu'aucune découverte essentielle, en dépit du développement des neurosciences, ne soit venue remettre en cause les progrès réalisés dans les années 1950.

Autres termes psychologiques :

Antiparkinsonien
Sérotonine
Neuroleptique
Pharmacopsychologie
GABA

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