La définition de Procédure

Une procédure désigne une suite organisée d'actions permettant de réaliser un but.


Les caractéristiques de la procédure

Une procédure ne doit pas être confondue avec le comportement observé lors de l'exécution d'une tâche, car celui-ci ne livre pas directement l'organisation sous-jacente ni, en particulier, les conditions de déclenchement et d'arrêt de chacune des actions composantes. Les procédures d'ordre supérieur servant à construire de nouvelles procédures sont souvent considérées à part sous le nom de stratégie ou d'heuristique. Enfin, il faut souligner que la procédure effectivement utilisée par un individu ne coïncide pas toujours avec la procédure enseignée ou préconisée (celle-ci est souvent désignée par les instructions).
Dans l'analyse des procédures, il est opportun d'envisager deux distinctions:

  • La première oppose une procédure en voie de constitution (il s'agit alors d'une situation de résolution de problème) à une procédure déjà constituée, ou savoir-faire (on parle alors de connaissances procédurales). L'organisation interne et la gestion de l'exécution varient avec le degré d'apprentissage.
  • La seconde concerne la description que fait un individu de la procédure qu'il emploie et la réalisation effective de celle-ci. Les critères de décision mentionnés dans le premier cas peuvent différer grandement des critères effectivement utilisés, car les modifications successives de la situation au cours de l'exécution apportent des indices souvent utilisés lorsqu'ils sont présents mais non évoqués lorsqu'ils sont perceptivement absents.

Certains aspects des procédures sont ainsi inaccessibles à l'introspection (ce problème est évoqué en psychologie et en intelligence artificielle par l'opposition entre des connaissances déclaratives et des connaissances procédurales).


L'analyse d'une procédure en ses constituants

Pour identifier comment un individu segmente sa procédure, on se réfère à la description verbale qu'il en fait et, surtout, aux indications apportées par l'exécution comme les erreurs, les temps de latence, les durées d'exécution et le type d'informations prélevées dans l'environnement. La description verbale concerne la représentation explicite de la procédure. Sa fiabilité comme moyen d'analyse de la procédure effective est en général limitée, d'une part parce qu'elle joue un rôle variable dans l'exécution, et d'autre part, parce qu'elle omet très souvent des indices importants. Elle est plus grande lors de l'apprentissage d'une procédure que lorsque celle-ci est automatisée.
Une procédure est généralement analysée en constituants qui prennent la forme de règles hypothétiques auxquelles se conformerait l'individu au cours de l'exécution. Les règles comportent une action (ou une séquence de plusieurs actions), les conditions du déclenchement de celle-ci et éventuellement les conditions de son arrêt. Les conditions de déclenchement concernent usuellement les prérequis de l'action. Certains des prérequis peuvent être satisfaits grâce à des actions annexes réalisables par l'individu alors que d'autres échappent au pouvoir de celui-ci. Par ailleurs, certains prérequis sont des prérequis constants d'une action alors que d'autres sont des prérequis occasionnels imposés par des contraintes internes à la procédure considérée.


La structure de contrôle d'une procédure

Les conditions de déclenchement des règles sont en relation avec la façon dont la conduite est dirigée. Elles peuvent mettre en jeu des informations relatives:

  • À l'état d'éléments de la situation externe.
  • À la trace externe de l'activité.
  • À la trace interne du déroulement de l'activité.
  • Au contenu de certaines instances du psychisme.

La trace interne du déroulement de l'activité concerne notamment la mémorisation des actions déjà exécutées (par exemple, les chiffres déjà composés lorsqu'on appelle un correspondant au téléphone) et le comptage du nombre d'itérations d'une opération (par exemple, pour calculer mentalement 3 puissance 5). Le contenu d'instances du psychisme concerne tout particulièrement l'ordonnancement des sous-buts dans la représentation de la structure des buts ou l'agencement des parties dans la représentation d'un objet.
Schématiquement, on peut distinguer deux grands types de contrôle selon que le déroulement de la conduite est piloté par les informations en provenance de la situation ou par une instance qui sélectionne et active les actions jugées appropriées:

  • La première forme de contrôle est typique d'une procédure bien apprise et automatisée.
  • La seconde forme de contrôle est typique d'une procédure en cours d'élaboration.

On peut noter que, dans de nombreuses situations, on propose des aides pour permettre un contrôle externe de l'activité (par exemple, les menus des logiciels, les chapelets pour la prière, etc...) alors que, dans les apprentissages scolaires, on cherche au contraire à les restreindre (par exemple, compter avec puis sans allumettes).


L'organisation des constituants d'une procédure

Si une procédure se manifeste toujours par une séquence d'actions, il ne s'ensuit pas que l'organisation interne de ses éléments soit nécessairement linéaire. Par exemple, la procédure canonique pour additionner deux nombres algébriques comporte une option initiale entre deux opérations selon le signe de ces nombres (les additionner s'il sont de même signe, les soustraire dans le cas contraire). Il existe plusieurs modes de coordination des actions constitutives d'une procédure. L'organisation la plus simple est séquentielle et consiste en une liste d'actions à exécuter dans l'ordre, le critère de déclenchement d'une action étant la fin de l'action précédente (par exemple, composer un numéro au téléphone). Une telle organisation est évidemment rigide. L'augmentation de la flexibilité d'une procédure correspond à une augmentation de sa complexité car elle impose des choix conditionnels selon l'état de la situation et des réitérations d'actions ou de séquences d'actions.
La structure des procédures peut être représentée à l'aide de divers formalismes. L'un est l'organigramme, qui présente l'intérêt de bien faire apparaître le déroulement temporel. Chaque cheminement du début à la fin de ce graphe correspond alors à l'une des réalisations possibles de la procédure. L'autre formalisme, souvent préféré aujourd'hui pour sa flexibilité, est celui des règles de production. Ce sont des règles du type « Si (conditions a, b...), alors (actions p, q...) ». Les conditions peuvent englober le but ou un sous-but, et les actions peuvent être constituées par la formulation de sous-buts. L'analyse en règles s'avère satisfaisante lorsque les indices permettant aux individus de déterminer si une condition est satisfaite sont univoques. Il n'en est pas toujours ainsi et, dans certains cas, les procédures utilisées peuvent différer moins par les actions exécutées que par la nature des indices utilisés.


Les règles de fonctionnement et les règles d'utilisation d'un dispositif

L'activité comporte l'utilisation de dispositifs de plus en plus nombreux. Un dispositif peut être envisagé d'au moins deux façons, l'une étant son architecture fonctionnelle avec les différentes fonctions et la commande permettant de mettre en œuvre chacune d'elle, l'autre étant son utilisation avec les procédures possibles dans chaque tâche. À ces deux points de vue correspondent deux types de règles:

  • Les règles de fonctionnement du dispositif, de type causal (si on exécute la commande c1, le dispositif étant dans l'état e1, on obtient le résultat r1).
  • Les règles d'utilisation, de type téléonomique (pour obtenir le résultat r1 dans l'état e1, il faut exécuter la commande c1).

La procédure à suivre dans les tâches utilisant le dispositif met fréquemment en jeu plusieurs commandes et plusieurs règles.
Les fonctions et les commandes d'un dispositif sont usuellement beaucoup moins nombreuses que les utilisations possibles de celui-ci. Aussi, par souci de brièveté, on présente souvent quelques procédures très courantes, plus les règles de fonctionnement afin que l'utilisateur puisse élaborer lui-même les procédures spécifiques à ses besoins. Les règles d'utilisation étant plus appropriées à la planification que les règles de fonctionnement, celui-ci doit reconstituer les premières à partir des secondes, ce qui ne va pas sans difficultés (par exemple, il néglige le fait qu'une commande peut avoir un ou plusieurs prérequis et peut produire plusieurs effets dont certains inopportuns). Inversement, si certaines règles de fonctionnement ne sont pas mentionnées, il est très difficile de les reconstituer à partir des règles et procédures d'utilisation indiquées.


L'organisation des procédures d'un domaine

Les procédures sont souvent manipulées comme des éléments distincts sans relation entre eux, car la prise de conscience de leur organisation éventuelle au sein d'un domaine demeure très partielle. Il est vrai que cette organisation est souvent indirecte et est liée à l'organisation des buts ou à celle des objets manipulés. Lorsqu'une procédure correspond à un but x qui est lui-même un prérequis pour un but y, on reconnaît facilement qu'elle constitue une sous-procédure de celle permettant de réaliser le but y. Il en va différemment lorsque l'organisation est apportée par les objets manipulés.
Ainsi, les logiciels comportent un certain nombre d'entités et une ou plusieurs procédures attachées à chacune d'elles. Certaines entités sont organisées hiérarchiquement par la relation « est une sorte de » (par exemple, un mot est une sorte de chaîne de caractères dans les logiciels de traitement de texte). Lorsqu'une entité x est une sorte de y, toutes les procédures applicables à y s'appliquent à x, plus éventuellement des procédures spécifiques à x. Cette caractéristique demeure ignorée des utilisateurs si on n'attire pas leur attention sur elle.
Les nombreuses contraintes imposées par la réalisation des procédures font écran à l'identification de leurs similitudes. Ainsi, bien qu'on sache que les opérations d'addition et de multiplication sont l'inverse l'une de l'autre, il est difficile d'identifier cette relation dans les algorithmes de calcul correspondants.


L'interprétation et la compilation d'une procédure

John Anderson a proposé une théorie de l'acquisition des procédures de traitement de l'information (ou habiletés cognitives), dont la dernière version, appelée ACT*, a eu une grande influence. Il considère qu'une procédure est constituée par des règles de production et que le processus d'acquisition typique comporte deux phases principales:

  • Au cours de la première phase: l'individu transforme des connaissances spécifiques au domaine en règles d'action en les interprétant grâce à des principes très généraux comme celui consistant à se donner comme sous-but la réalisation des conditions requises pour la réalisation du but poursuivi.

  • Au cours de la seconde phase: les connaissances nécessaires à l'exécution sont directement incorporées dans les règles grâce à la compilation, qui comporte deux sous-processus. Le premier est la procéduralisation, qui consiste à introduire dans les règles seulement les particularisations des connaissances qui ont été élaborées pour l'exécution de la tâche. Le second est la composition, qui consiste en une concaténation de règles toujours activées ensemble.

L'un des intérêts de cette théorie est d'insister sur la différence entre les processus mis en jeu dans ces deux phases. En effet, ils relèvent de la résolution de problème au début, puis de la sélectivité mnésique.

Autres termes psychologiques :

Obstruction
Problème
Poste de travail
Docimologie
Surapprentissage

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