La définition de Jeu

Le jeu désigne un mode d'activité polymorphe, observable avec une fréquence d'autant plus grande qu'on s'élève dans l'échelle animale. De plus, il tient d'autant plus de place dans la vie d'un individu que celui-ci est jeune.


Le jeu par opposition au travail

Le jeu est le plus souvent défini en contraste avec le travail, considéré comme une activité obligée et contrôlée. Le jeu est une activité gratuite, fermée sur elle-même, dans la mesure où elle est déclenchée par une motivation intrinsèque et très peu par des stimulations externes, et où elle n'a pas besoin de renforcements extérieurs pour se poursuivre.
Le jeu procure du plaisir à celui qui l'exerce. Il n'apparaît que lorsque les besoins fondamentaux sont satisfaits et en dehors de toute contrainte. Pourtant, le joueur peut introduire dans le jeu une structure contraignante qui varie parfois fortement d'un individu à l'autre, d'une culture à l'autre, mais qui est librement élaborée ou au moins librement acceptée. Pour Michel Hurtig, « dans le jeu, l'activité est à la fois réelle et simulée [...], elle est transposition de la réalité sans avoir pour objectif de transformer cette réalité ».


Le jeu au plan développemental

Les jeux peuvent être répartis en quelques catégories qui sont tour à tour prédominantes au cours du développement:

  • Les jeux d'exercice: ils apparaissent les premiers. En effet, ce sont les seuls à exister chez le nourrisson. Ils persistent à des degrés divers à tous les âges. Ils procurent un plaisir fonctionnel, celui de se savoir la cause d'un événement (particulièrement net chez le bébé), d'affirmer et de parfaire un savoir nouvellement acquis.

  • Le jeu symbolique (ou jeu de faire semblant, ou jeu de fiction): le réel et l'imaginaire se mêlent sans cesse. Ainsi, des jouets manufacturés (par exemple, des poupées, des autos) sont utilisés comme support, mais aussi des cailloux, ficelles, boîtes, etc... Le jeu symbolique est a son apogée entre 2 et 6 ans.

  • Les jeux de construction et de règle: au primat des jeux symboliques se substitue, à partir de 6 ans, d'une part, celui des jeux de construction, fondés sur la découverte et la prise en compte des strictes relations avec le réel, et d'autre part, celui des jeux de règles, dans lesquels la transmission sociale et la coopération avec d'autres sont essentielles. Les jeux de construction et de résolution de problèmes de plus en plus complexes sont plutôt des jeux individuels alors que les jeux de règles sont collectifs, depuis le « donne et prends » qu'affectionnent les nourrissons de 1 à 2 ans jusqu'aux jeux de société (par exemple, les 7 familles, la bataille navale, les échecs et les jeux de cartes variés) et aux jeux d'action et d'adresse (par exemple, la marelle, le football, etc...).

La fonction du jeu

Dès le milieu du XIXe siècle, de nombreux auteurs se sont interrogés sur la fonction du jeu et ont proposé diverses explications:

  • La théorie du surplus d'énergie de Herbert Spencer: selon cette théorie, le jeu servirait à épuiser un trop-plein de force.

  • La théorie de l'atavisme de Stuart Hall: cette théorie est inspirée de la loi biogénétique fondamentale d'Ernst Haeckel. Elle repose plus sur des spéculations que sur des données d'observation.

  • La théorie de l'exercice préparatoire à la vie adulte: cette théorie n'a pas reçu un grand appui des données empiriques recueillies chez l'enfant. Cependant, chez l'animal, il semble bien que nombre de conduites ludiques, ressemblant à des comportements adultes qui n'aboutiraient pas à leur conclusion (par exemple, la bataille pour rire, les jeux présexuels), constituent des préalables nécessaires à l'apparition ultérieure du comportement achevé. En effet, si l'on empêche artificiellement ces jeux de s'exercer chez le petit, une incapacité d'exécuter la séquence complète et efficace du comportement en jeu apparaît chez l'adulte.

Par ailleurs, Jean Piaget et Bärbel Inhelder voient dans le jeu de l'enfant un secteur d'activité, indispensable à son équilibre affectif et intellectuel, « ... dont la motivation n'est pas l'adaptation au réel mais au contraire l'assimilation du réel au moi, sans contraintes ni sanction... ». Pour ces auteurs, le jeu symbolique est sous la dépendance des structures cognitives et se réalise dans des activités purement assimilatrices. Il n'est pas une adaptation au réel. Selon Piaget, l'évolution du jeu avec l'âge suit l'évolution intellectuelle. Les jeux d'exercice sont l'activité, pour le plaisir, de schèmes sensori-moteurs. Les jeux symboliques sont marqués par l'égocentrisme de la période préopératoire. Les jeux de règle et de construction témoignent de la décentration et de la coordination des schèmes cognitifs intériorisés, caractéristiques de la période opératoire. Mais Piaget voit dans le jeu symbolique plus que des indices d'activité cognitive. Le symbolisme ludique est pour l'enfant un processus de décharge des tensions et de liquidation des conflits, le moyen de déplacer vers des substituts les mouvements pulsionnels. En cela, le point de vue de Piaget rejoint celui de certains psychanalystes, comme Donald Winnicott, pour qui le jeu est un espace intermédiaire où se négocie la prise en compte du réel.
Certains psychologues accordent au jeu un rôle d'intégration sociale, de socialisation. Les jeux des enfants changent d'une culture à l'autre et, dans une même culture, d'une période historique à l'autre. Cela est particulièrement net en ce qui concerne les différences entre garçons et filles. En effet, si les filles ont adopté la plupart des activités antérieurement réservées aux garçons, ceux-ci conservent encore le monopole des jeux qui nécessitent à la fois vigueur et adresse physique.


Le jeu en psychanalyse et en psychiatrie

Le jeu est utilisé dans les thérapies pour établir la communication avec l'enfant et l'aider à modifier son fonctionnement mental. Dès l'Antiquité, Platon envisage le jeu comme un moyen éducatif permettant l'apprentissage d'un futur métier. Montaigne, quant à lui, perçoit que les jeux des enfants manifestent « les penchants profonds de l'être ». Mais c'est Sigmund Freud qui, le premier, analyse la signification du jeu de la bobine chez un garçon de 18 mois qui vivait sous le même toit que lui. Il perçoit la dimension symbolique du jeu de l'enfant, qui reproduit, avec l'objet qu'il a sous la main, la scène de la disparition et de la réapparition de sa mère, assumant ainsi un rôle actif qui lui permet de maîtriser ces événements jusque-là subis.
A sa suite, Melanie Klein, en 1919, élabore la technique psychanalytique du jeu pour les jeunes enfants en découvrant que ceux-ci expriment leurs fantasmes et leurs angoisses essentiellement à travers le jeu. « En n'interprétant pas seulement le discours de l'enfant, mais également ses activités avec des jouets, j'ai appliqué ce principe de base (l'association libre) au psychisme de l'enfant, dont le jeu et les diverses activités, en fait tout le comportement, constituent les moyens d'exprimer ce que l'adulte exprime de façon prédominante avec les mots. » Cette psychanalyste utilisait des jouets et une salle de thérapie équipée d'un lavabo, de petits meubles, représentatifs du monde réel, qui permettent à l'enfant d'exprimer un large éventail de fantasmes et d'expériences vécues. L'enfant qui souffre éprouve donc un soulagement considérable, par exemple, en faisant subir à un jouet les tendances destructrices qu'il éprouve à l'égard d'un membre de sa famille. C'est l'interprétation de l'analyste qui donne sens à ce comportement dans la thérapie.
Cette technique de jeu en thérapie a suscité des controverses parmi les analystes, en particulier Anna Freud, qui refusa de reconnaître les activités ludiques comme équivalents des associations libres chez l'adulte. De même, les rapports de l'enfant avec son analyste, c'est-à-dire la question du transfert, si importante pour Melanie Klein et ses élèves, furent envisagés différemment, souvent sous un angle pédagogique.
Aujourd'hui, en psychiatrie d'enfant, le jeu est utilisé dans de nombreuses formes de thérapie, que ce soit en thérapie individuelle d'inspiration psychanalytique chez de jeunes enfants ou dans un grand nombre de rééducations comme l'orthophonie, la psychomotricité ou d'autres modes d'expression corporelle. Le psychodrame utilise une autre forme de jeu, le jeu dramatique, qui a pour but la compréhension de certaines aspirations du patient, lesquelles apparaissent dans l'énoncé du thème, son élaboration et le choix des rôles, ainsi que des mécanismes de défense, de l'angoisse et de la culpabilité.


Le jeu de rôle

Il s'agit d'un mode d’entraînement interactif, visant à la prise de conscience des attitudes et des rôles pour permettre une évolution positive des personnes et/ou des groupes et développer leur créativité.

Autres termes psychologiques :

Triangulation
Hyperactivité
Kuder
Opératif
Objectivation

Utilisation des cookies

carnets2psycho souhaite utiliser des cookies.

Vous pourrez à tout moment modifier votre choix en cliquant sur Gestion des cookies en bas de chaque page.