La définition de Discours

Le discours désigne un simple mot ou une suite d'énoncés de taille variable, produit par un seul énonciateur ou par plusieurs engagés dans un échange, c'est-à-dire une conversation.


Le discours en linguistique

En linguistique, on oppose le discours ainsi que l'énoncé à la phrase. La phrase étant l'ultime niveau de structuration du langage, les règles de la syntaxe s'arrêtent avec elle. C'est une entité théorique, construite par la syntaxe pour définir les lois gouvernant la position des catégories grammaticales. En revanche, le discours, tout comme l'énoncé, désigne des entités concrètes, auxquelles on peut rattacher des phrases reconstruites par la grammaire. La combinaison d'énoncés en discours n'est pas commandée par une syntaxe catégorielle mais par des contraintes communicationnelles de caractère fondamentalement sémantique et pragmatique.
Quoique échappant au pouvoir des règles constitutives de la langue, les textes ou discours présentent des régularités formelles. D'une part, parce qu'ils contiennent des marques de cohésion (conjonctions, adverbes, etc..., que l'on regroupe sous l'étiquette connecteurs) ainsi que les différentes formes d'anaphores dont l'emploi est contraint par leur spécialisation dans l'expression d'un lien sémantique bien déterminé. D'autre part, parce qu'ils sont rattachables à des types ou genres qui peuvent être plus ou moins codifiés sous des schémas préétablis (par exemple, le récit écrit). De façon plus générale, la production des discours est contrainte par des exigences fonctionnelles de caractère communicatif. Il s'agit en particulier pour le locuteur de disposer son propos de telle sorte que ceux à qui il s'adresse puissent en reconstruire la signification et singulièrement la cohérence sémantique. La prise en compte de ces contraintes fonctionnelles suppose, de la part du locuteur, la mobilisation de toutes sortes de connaissances liées à la situation de communication, notamment le contrôle des savoirs partagés.


Le discours en psychanalyse

En psychanalyse, le discours désigne une organisation de la communication, principalement langagière, spécifique des rapports de l'individu aux signifiants et à l'objet. Ces derniers sont déterminants pour l'individu et règlent les formes du lien social.
Le sujet, pour la psychanalyse, n'est pas l'homme dont la nature serait immuable, mais il n'est pas non plus l'individu changeant en fonction des péripéties de l'histoire. Au-delà des singularités individuelles, la psychanalyse distingue des fonctionnements qui relèvent des structures où chacun se trouve pris. Aussi, la théorie des quatre discours de Jacques Lacan constitue une des élaborations les plus récentes et les plus efficaces concernant ces structures.
L'idée de décrire des entités cliniques, de ne pas en rester à une approche seulement centrée sur des histoires individuelles est présente dès le début de la psychanalyse. Cela s'explique par les objectifs scientifiques de Sigmund Freud, mais aussi par la pérennité des symptomatologies névrotiques. En effet, l'existence de l'hystérie, ou encore de la phobie, est attestée dès l'Antiquité.
Les catégories cliniques, bien qu'elles soient importantes, ne sont pas pour autant l'essentiel en ce qui concerne les distinctions que la psychanalyse permet de faire entre les divers types de structure dans lesquels le sujet peut se trouver pris. En effet, ces catégories sont d'abord forgées pour rendre compte d'états considérés comme pathologiques, eux-mêmes opposés à des états normaux, sans pour autant que la normalité ou la pathologie aient pu être définies clairement.
Dès lors, l'idée d'autres structures qui rendraient compte des diverses formes que peut prendre le rapport du sujet à son désir, ou à son fantasme, à l'objet qu'il tente de retrouver ou aux idéaux qui le guident, s'impose dans la psychanalyse. C'est en ce sens que Freud, par exemple, distingue divers types libidinaux (érotique, narcissique, obsessionnel et types mixtes). C'est aussi en ce sens que Wilhelm Reich élabore une théorie des caractères. Toutefois, ces élaborations maintiennent une ambiguïté. En effet, le caractère ne peut être pensé que comme interne à une subjectivité. Or, la psychanalyse amène à mettre l'accent non sur une subjectivité mais sur un assujettissement, c'est-à-dire sur ce qui peut déterminer un sujet, le produire, le causer: sur son histoire et, plus précisément, sur l'histoire d'un dire, celui qui était déjà là avant même sa naissance dans le discours de ses parents, celui qui depuis sa naissance ne cesse de l'accompagner et d'orienter sa vie sans échappatoire.


L'analyse du discours

Il s'agit d'une analyse qui a pour but l'élaboration d'une métalangue, c'est-à-dire d'un système formalisé assurant la description et la construction de types discursifs.
À l'origine, selon Rodolphe Ghiglione, Benjamin Matalon et Nicolas Bacri, on peut considérer que la question à laquelle tentait de répondre la mise en œuvre d'analyses de discours était principalement « celle d'une recherche des conditions de possibilité de la stabilité du langage: quelles sont les contraintes qui autorisent la description des régularités de la langue? Comment expliciter, s'il y a lieu, les contraintes propres au discours? Comment prolonger la linguistique de façon à l'appliquer au-delà des limites de la phrase tout en conservant des garanties de scientificité ? ». Autant de questions qui étaient à l'origine des analyses du discours et qui situaient celles-ci dans une grande proximité avec les grammaires de discours, tout en rompant avec l'analyse de contenu.
Toutefois, cette proximité ne doit pas masquer les ambiguïtés et les conflits existant entre grammaire de discours et analyse de discours:

  • La grammaire de discours: elle peut être considérée comme ayant, de par ses origines génératives, un propos formel. Elle est un prolongement de la grammaire de phrase et s'arrête là où commence la langue, les représentations, le contexte de communication.

  • Les analyses de discours: même si elles empruntent à la grammaire de discours, s'en séparent sur plusieurs points.

Sur le plan théorique, la métalangue de description est simplement destinée à permettre de construire des ensembles consistants d'énoncés entrant dans le cadre des discours possibles pour une formation culturelle donnée.
Sur le plan méthodologique, les unités de segmentation du texte ne sont plus les phrases, comme c'est le cas en grammaire de discours, mais les propositions ou les énoncés. Ce changement d'unité n'est pas simplement un avatar, mais permet un travail différent conduisant à mettre au jour des schémas élémentaires. Par ailleurs, le changement d'unité renvoie à une prise en compte de l'opacité du langage, qui ne se réduit plus à sa structure propre (syntaxique et/ou sémantique). Le discours est questionné dans ses analyses, dans ses contenus et dans ses énonciateurs.
Sur le plan de leurs modes d'application, le vocable est le même: il s'agit de l'analyse de discours. Toutefois, les pratiques de l'école française, des courants anglo-saxons, ou des actuels conversationnalistes sont bien différentes. Comme le souligne Laurence Bardin: « Sous ce concept en vogue, [...] se cachent les définitions variables, sources de confusion. Les racines de l'analyse de discours sont diverses, hétérogènes, et plusieurs champs de recherches et de pratiques se sont développés indépendamment et continuent à coexister sans liens entre eux ».

Autres termes psychologiques :

Cas
Phrase
Dogmatisme
Syntaxe
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