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La photographie de la pensée - Partie 2

La revue des revues

En 1898, par Caze L.

Son chargé d'affaires industriel dit de Thomas Edison: « L'amour du plaisir n'existe pas pour lui. Il n'a aucun penchant pour le vin ni pour le tabac. Son amour tient dans ses livres et dans ses études. Aujourd'hui, sa vie se partage entre son bureau et la maison qu'il habite dans le haut de la ville. A moins qu'il ne soit appelé ailleurs par quelque affaire importante ou qu'il ne soit allé faire un voyage avec son père, on est sûr de le trouver soit à son bureau, soit chez lui, et toujours au travail, s'efforçant de pénétrer quelque secret, de dévoiler quelque mystère. D'après moi, il n'y a rien d'impossible à cet enfant. »

Voilà l'inventeur. Voyons maintenant l'invention en elle-même, cette photographie de la pensée, à laquelle il a travaillé si longtemps avant de construire son premier appareil et d'oser risquer sa première expérience.
Tout d'abord, il se mit à la recherche de quelqu'un qui fût doué d'une volonté assez puissante et d'une conception de pensée assez claire pour que cette pensée pût être photographiée. Il découvrit enfin un jeune homme qui consentit à coiffer l'étrange couronne en disque de cuivre et fils d'acier; le jeune homme possédait en même temps les qualités requises. La suite a démontré qu'il était impossible de trouver un meilleur sujet.

L'appareil à photographier la pensée.La première expérience, tentée avec l'appareil que nous reproduisons ici, avait été ramenée à la forme la plus simple. Thomas Edison avait dit à son sujet de penser de la façon la plus forte et la plus tenace qu'il lui serait possible, à un shilling. L'épreuve photographique obtenue montre une ligne ombrée de forme circulaire. Les détails de la pièce de monnaie, face et revers, n'y apparaissent pas. Mais la forme est bien celle d'un shilling et l'exagération considérable des dimensions doit être attribuée à la valeur qu'un shilling a pour le sujet qui était soumis à l'expérience.

Tel est au moins le sentiment de l'inventeur, qui pense également que l'œil est le point où la forme de la pensée se manifeste de la façon la plus distincte. Là, d'après Thomas Edison, l'effort d'une volonté puissante pouvait et devait la fixer d'une manière assez nette pour qu'un appareil, qu'il se proposait d'inventer, en saisît une image parfaite.

Etant enfant, Thomas Edison avait entendu dire qu'un objet qui a été regarder fixement et pendant un temps assez long avec un seul œil — une minute, par exemple — se photographiait de lui-même sur la rétine de l'œil demeuré ouvert et pouvait y être aperçu distinctement. Si cela était vrai, était-il hors de la portée d'un homme de génie d'inventer un appareil destiné à reproduire l'image déjà enregistrée sur l'œil?

Il se mit à l'œuvre sans plus tarder et construisit son appareil. Comment? Sur quelle base? En application de quel procédé ou de quelle théorie? C'est ce que nous ignorons encore. L'appareil est soigneusement enfermé et caché dans le laboratoire lui-même. On peut cependant, d'après le dessin que nous en donnons, se faire une idée de sa disposition extérieure. Nous pouvons ajouter qu'avant de commencer l'expérience, on rasa soigneusement les cheveux du sujet et qu'on ajusta sur son crâne un masque de façon à permettre à chaque manifestation de la pensée, si légère, si vague, si passagère fût-elle, d'être enregistrée au passage. En outre, on mit en œuvre les magiques rayons X.

Au bout de quelques heures, on développa la plaque photographique et, à leur grande joie, Thomas Edison et son sujet, un jeune homme du nom de Fleming, y virent apparaître une tache ronde, indéfinie, vague, une sorte d'ombre, que le jeune inventeur pense fermement être la forme matérialisée de la pensée de Fleming. Pour lui, c'est le premier résultat véritable de sa découverte.
— Je ne puis pas encore espérer, dit à ce propos le jeune Edison, faire croire à tout le monde que cette ombre est la photographie d'une pensée: elle est encore trop indistincte, elle manque trop de caractère pour être une preuve convaincante. Mais je suis persuadé que j'ai, dans une certaine mesure, réussi à photographier une pensée.

« Je me trouve grandement encouragé par ce premier résultat de mon expérience et je vais continuer à perfectionner mes appareils jusqu'à ce que j'obtienne enfin un instrument parfait. J'ai l'absolue conviction qu'il est possible de photographier la pensée; je n'aurai point de repos avant d'y être parvenu. J'espère y réussir d'ici à un mois. »

Est-il nécessaire d'insister sur les extraordinaires conséquences d'une pareille découverte, si le jeune inventeur est assez heureux pour le réaliser complètement? Non, sans doute! Le champ qu'elle nous ouvre est certainement le plus vaste qui se soit jamais offert aux vagabondages de l'imagination. A bien des gens mêmes la chose paraîtra folle et sans aucune chance de succès. Mais le nom d’Edison nous a valu déjà de telles stupéfactions que le plus sage est d'attendre avant de se prononcer — le délai demandé, du reste est assez court — et surtout de se garder de toute négation anticipée. Avec les Edison, la négation est toujours dangereuse.


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