Les trois cents quarante-sept cerveaux de Mr Broca

Causeries scientifiques : découvertes et inventions, progrès de la science et de l'industrie

En 1862, par Parville H.

Terminons en publiant quelques données curieuses qu'a fait connaître M. Broca après s'être livré à l'étude comparative du poids de 347 cerveaux.
On se demande où M. Broca a été chercher tous ces cerveaux-là. Il a constaté que le cerveau de la femme est, proportionnellement au poids du corps, moins lourd que celui de l'homme. Quelques personnes affirment que c'est là de l'histoire ancienne ; nous nous garderons bien de faire comme elles, par pure galanterie. Nous rappellerons seulement la vieille boutade latine :

Quid levius pluma! pulvis; — quid pulvere? ventus — quid vento? mulier; — quid muliere? nihil.
Quoi de plus léger que la plume? la poussière; — que la poussière? le vent; —que le vent? la femme; — que la femme? rien.

En tout cas, s'il y a des femmes bien légères, il y a des hommes bien lourds, comme ripostait un jour madame de Staël à un ennuyeux interlocuteur.

Je reviens aux cerveaux de M. Broca. Chez un même individu, le poids du cerveau augmente jusque vers la quarantième année, reste stationnaire de quarante à cinquante, et diminue ensuite. C'est de dix à vingt ans que le cerveau pèse le plus proportionnellement au poids du corps.
Les cerveaux d'hommes illustres étudiés sous ce rapport nous montrent en première ligne celui de Byron, pesant 2,238 grammes, le poids moyen étant de 1,450 grammes; viennent ensuite: Cromwell, 2,231 grammes ; Cuvier, 1,800 grammes, etc.
La race teutonique a le poids moyen le plus considérable, 1,500 gr.; l'Irlandais, 1,400 gr.; les Fellahs, 1,306 gr.; les Australiens, 1,208 gr..

On voit, d'après ces chiffres, qu'on ne saurait, en somme, rien conclure du poids du cerveau en faveur du développement intellectuel. Il est évident que ce n'est pas de dix à vingt ans que l'intelligence atteint son apogée; que Byron, malgré toute notre admiration pour lui, n'est pas le premier des hommes, que Cromwell n'en est pas le second et que la race teutonique n'est pas non plus précisément la crème du genre humain.
M. Broca voit ailleurs avec raison l'indice de la supériorité intellectuelle. Il la trouve dans la richesse du cerveau en circonvolutions, en d'autres termes, dans le plus grand développement superficiel de la masse cérébrale.

Les résultats de M. Broca contrarieront peut-être ceux qui jugent des choses au poids, mais rassureront certainement la plus belle moitié du genre humain. N'est-ce pas tout ce qu'il faut? On serait bien mal venu, en vérité, d'en demander davantage au savant anatomiste.


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